Le chrétien face à l'homosexualité [1]Jean-Marc Berthoud
Introduction
Le titre de mon exposé contient deux termes. D’une part,
nous avons le mot de « chrétien », de l’autre celui d’« homosexualité ».
Ce qui relie ces deux termes est le mot « face ». Avant
d’entrer dans le vif de notre sujet qui traitera avant tout de
l’enseignement de la Bible face au phénomène de toujours qu’est
l’homosexualité il nous faut dire quelques mots pour éclaircir le
sens de l’expression « chrétien ». Ce sera l’objet de
notre introduction.
Que peut bien vouloir dire le mot « chrétien »
aujourd’hui, à une époque où sous cette expression est affirmé des
positions spirituelles et doctrinales les plus contraires ? Si dans
un passé encore relativement proche les chrétiens, se définissant à
l’intérieur de dénominations fortement marquées, manifestaient une
certaine facilité à se lancer des anathèmes les uns aux autres,
aujourd’hui nous nous trouvons dans une situation toute différente.
Les barrières verticales entre les confessions sont largement tombées
avec pour résultat une grande confusion doctrinale et spirituelle. Si
le terme « chrétien » est devenu une expression très
floue, il en est de même, en conséquence de l’épanouissement de
l’esprit œcuménique, en ce qui concerne le sens d’identité propre
aux membres des diverses dénominations chrétiennes. On ne sait plus guère
aujourd’hui ce que veut dire être « réformé », ou
« luthérien », ou même « évangélique ».
Partout nous constatons une véritable perte d’identité dénominationnelle.
Il est même devenu difficile pour un catholique romain pratiquant
(malgré une certaine persistance de l’exercice du magistère dans
cette Église) de savoir ce que peut bien être le contenu exact de la
foi qu’il affirme être
sienne. C’est ce que nous laisse que trop clairement percevoir le
texte ni figue ni raisin sorti des discussions entre théologiens luthériens
et catholiques romains sur la justification. Il en va de même pour ce
qui concerne les accords entre évangéliques et catholiques romains
dans le même domaine. Les exemples pourraient aisément être multipliés.
Tant les uns, que les autres semblent avoir perdu le sens de leur propre
identité. Cependant il nous faut bien reconnaître que l’Église
romaine, malgré la grande confusion qui règne aujourd’hui en son
sein, maintient encore (du moins dans sa hiérarchie) un certain cap
dans la persévérance de sa démarche diplomatique théologique visant
à attirer dans le giron de la Mère-Église autant de frères égarés
que possible.
Pour celui qui veut se confesser chrétien d’une manière
plus ou moins cohérente cette difficile quête d’identité est encore
aggravée par le puissant mouvement syncrétiste qui, depuis plus de dix
ans, a si fortement pris la relève de l’œcuménisme. De telles
confusions ne rendent guère aisé le traitement de notre thème. Car
sur la question que nous traitons ce soir, il règne aussi au sein du
Christianisme la plus grande des confusions. Pour ne parler que de mon
pays la Suisse il serait difficile de s’y faire une opinion précise
et cohérente face au phénomène homosexuel en se basant sur les avis
plus que contradictoires exprimés par les divers milieux qui chez nous
se réclament du Christianisme. Il suffit pour constater l’extrême
diversité des avis qui se prétendent tous « chrétiens »
que de prendre les controverses qui ont entouré la fameuse Gay
Pride de Sion qui, l’été passé, a si vivement défrayé la
chronique en Suisse romande. De son côté, l’Évêque de Sion après
avoir mis le feu aux poudres en traitant la démonstration homosexuelle
de véritable « tentation diabolique », fit rapidement
marche arrière, sous la pression violente des médias et des milieux
politiques largement acquis aux thèses avancées par le lobby
homosexuel. Il en vint à maintenir son opposition de principe tout en
affirmant urbi et orbi la
grande tolérance de l’Église face aux comportements sociaux
minoritaires. L’Église Protestante (qui elle se dit « réformée »)
du Valais, fidèle en ceci à son pluralisme moral et doctrinal,
s’empressa d’ouvrir son lieu de culte à une célébration
homosexuelle. Les évangéliques (charismatiques ou non) brillèrent
comme de coutume par leur absence d’engagement, du moins en ce qui
concerne le plan discernable publiquement. La seule opposition chrétienne
à cette manifestation fut celle, vigoureuse et des plus visible, de
jeunes laïcs traditionalistes partisans du Séminaire d’Écône fondé
par Mgr Marcel Lefebvre qui voyaient avant tout dans cet étalage au
grand jour de l’homosexualité une offense contre Dieu et un danger
pour la jeunesse. Ceci d’autant plus que cette démonstration avait
comme thème premier l’introduction nécessaire de l’éducation à
l’homosexualité dans les écoles publiques du canton du Valais. Il
est significatif que ces traditionalistes catholiques furent rejoints
dans leur opposition indignée à cet étalage du vice au grand jour par
un petit groupe de chrétiens rattachés à la petite Église évangélique
baptiste de Sion dont les convictions réformées fortement
anti-catholiques sont bien connues dans ce canton.
Comment s’y retrouver dans une pareille confusion ? Où
donc placer le point de vue véritablement chrétien ? Car nous
sommes convaincus que dans le domaine éthique – ici celui de la
portée et du sens du phénomène homosexuel – il existe bel et
bien une position qui soit spécifiquement et de manière précise
(c’est-à-dire non équivoque) conforme aux enseignements normatifs,
immuables et infaillibles de la Bible. Comment alors discerner une telle
position doctrinale dans le galimatias de la multiplicité des positions
qui toutes se réclament du christianisme authentique ?
Nous ne répondrons évidemment pas de manière exhaustive à
une pareille question ce soir. Mais pour bien faire comprendre la portée
de nos remarques sur le sujet difficile et délicat que nous avons à
traiter, quelques remarques sont cependant nécessaires.
Qu'entendons-nous
par le mot « chrétien » qui figure dans notre titre ?
Qu’est-ce donc que ce « christianisme » dont nous
osons nous réclamer ? Il nous faut ici bien distinguer entre ce
que nous appelons le « christianisme historique » et ce que
nous nommons, faute d'une meilleure expression, le « christianisme
moderne ». La distinction sur laquelle nous attirons votre
attention ne porte plus sur la différentiation verticale (ou
confessionnelle) entre les diverses branches de l'Église (orthodoxe,
catholique romaine, protestante ou évangélique), mais elle est une démarcation
horizontale qui traverse l’ensemble des éléments dont l’Église
universelle est composée. Au sein de toute dénomination chrétienne
vous trouverez (dans des proportions fort diverses) aussi bien des
partisans de la foi chrétienne historique, que des adeptes de sa
version dite « moderne ». Comment alors distinguer la foi
historique de sa version moderne ?
La
question essentielle concerne l'attitude du « croyant » face
à la Bible.
—La
Bible – la Tanak juive (connue par nous sous le nom d’Ancien Testament) et le Témoignage apostolique (ce
que nous appelons le Nouveau Testament) – est-elle la Parole inspirée
de Dieu, et en tant que telle, l'autorité finale pour l'enseignement et
la pratique de la foi chrétienne ?
—
Ou bien la Bible juive et chrétienne est-elle uniquement une parole
humaine, certes spirituellement et moralement utile et qui inspire nos
pensées et nos actions mais qui, comme toute entreprise humaine est
forcément faillible ? Elle n’est dans ce cas d’aucune manière
normative pour tous les hommes, en tous lieux et de tout temps.
Cette
question d'autorité finale est au cœur de toute foi religieuse, même
de celle que nous appelons « christianisme moderne » qui
place elle son autorité dans la raison et dans les sentiments des
hommes. Cette autorité n'est-elle qu'humaine, comme c’est le cas dans
la version « moderne » de la foi chrétienne ? A-t-elle
alors uniquement une attitude « rationnelle », « scientifique »,
« expérimentale », bref « critique » à l'égard
de la révélation divine, la Bible ? Ou bien l'autorité de la Tanak et du Témoignage apostolique est-elle reconnue comme pleinement divine, comme l'affirme explicitement
la foi chrétienne historique ? Car pour cette dernière l'autorité
finale en ce qui concerne la foi et les mœurs, l’intelligence et
l’action est inscrite dans le détail de la texture verbale même de
la Sainte Écriture ? Cette foi historique est celle de l'Orthodoxie
d'Orient (Jean Chrysostome et le Père Justin Popovitch, par exemple),
du catholicisme romain (Thomas d'Aquin et le Pape Pie X, par exemple),
du protestantisme (Jean Calvin et Cornelius van Til, par exemple) et du
mouvement évangélique (John Bunyan et Louis Gaussen, par exemple).
Tous, malgré leurs divergences évidentes, tiennent fermement, à la
suite du témoignage des Écritures, à l'infaillible autorité divine
de la Bible.
Nous
présentons quatre critères qui nous permettent de distinguer la foi
chrétienne historique (que nous faisons nôtre) de ce que nous considérons
être son travestissement moderne :
—
Premièrement, dans la perspective de la foi chrétienne historique, le
critère absolu pour définir ce qu’est l’homosexualité, critère
qui déterminera l’attitude que tout chrétien qui se veut fidèle
devra adopter à son égard, sera l'enseignement spécifique que l’on
pourra tirer à ce sujet de la Bible, tel qu'on le trouve dans la Tanak et dans le Témoignage apostolique. Une telle vérité normative ne peut se
trouver ni dans la seule tradition de l'Église ni dans l'expérience de
l'homme livré à lui-même ; elle ne peut se rencontrer ni dans
les leçons si variées de l'histoire ni dans la diversité de points de
vue que nous livre la sociologie. Je m'empresse d'ajouter qu'il n'est
absolument pas question ici de négliger toute information utile apte à
faciliter notre lecture du texte sacré et que l'on peut glaner dans ces
différents domaines de la recherche humaine. Mais pour celui qui se réclame
de la foi chrétienne historique, seule l’Écriture Sainte est, en fin
de compte, habilitée à déterminer la signification et la portée de
ces données empiriques.
—
Deuxièmement, la foi chrétienne que nous défendons a un caractère à
proprement parler historique. Je veux dire par cela que, dès le début
de l'histoire de l’Église, la confrontation entre la foi chrétienne
historique et les erreurs qui n'ont cessé de l'assaillir, ont conduit
à un approfondissement de sa compréhension de ses propres affirmations
doctrinales et à un meilleur discernement des erreurs qui cherchent
constamment à la détruire. C’est ainsi que d’une seule voix la foi
chrétienne historique confesse les symboles essentiels de l'Église
première : le Symbole des Apôtres, la Confession
de Nicée et les définitions du Concile
de Chalcédoine, qui demeurent toutes fidèles au fondement
scripturaire, lui seul finalement normatif. Dans notre entreprise de
recherche d’une définition chrétienne de l’homosexualité et du
sens véritable de ce comportement, nous tiendrons compte de cette
accumulation de sagesse doctrinale soigneusement accumulée par l’Église
au cours des siècles. Les attaques dirigées, surtout aujourd'hui,
contre le point de vue du Christianisme historique sur l’homosexualité
nous obligent à mieux comprendre la nature, le caractère et les effets
de ce phénomène.
— Troisièmement, la Foi chrétienne historique se base sur une épistémologie
réaliste. Ce qui veut dire que le contenu intellectuel de la foi peut
être formulé par des concepts soigneusement définis. Donc, si ces
concepts sont dogmatiquement et logiquement vrais, l’affirmation de
leur contraire doit nécessairement être fausse. En ce qui concerne
l’homosexualité, il est donc possible, du point de vue de la foi chrétienne
historique, de définir avec précision ce que la Bible nous enseigne
sur la nature et sur les effets du phénomène homosexuel tant sur les
plans personnel et social que physique et spirituel.
—
Et finalement, la foi chrétienne historique ne consiste pas seulement
en une doctrine, mais elle est également et indissociablement une façon
de vivre, une obéissance éthique, sociale et personnelle, reçue comme
une grâce, un cadeau de Dieu. Elle cherche donc à se conformer à la
volonté révélée de Dieu, à sa Loi, contenue dans l'Écriture entière,
le Tanak et le Témoignage
apostolique. Avec le secours de la grâce de Dieu il est possible de
marcher dans une croissante fidélité à la volonté divine. Ceci veut
dire que dans le contexte de la foi chrétienne historique, ce que nous
découvrons dans l’Écriture sur le rôle et sur la signification du
phénomène homosexuel doit nous conduire à des actes d’obéissance
sur le plan personnel et public, familial et ecclésial mais aussi au
niveau des lois de la Cité. C’est cet aspect pratique de la foi chrétienne
historique qui permet à ceux qui sont emprisonnés dans ce mode de vie
anormal qu’est l’homosexualité [2] d’avoir la ferme espérance de pouvoir en être graduellement et
durablement délivrés par l’œuvre salutaire du Seigneur Jésus-Christ.
C’est
à cette tâche de discernement biblique que nous allons maintenant
tenter de nous atteler.
I.
L’homosexualité perçue du point de vue des structures de la création
Il n’est guère possible de parler, ni de la rédemption,
ni de l’éthique sans d’abord nous référer aux structures de la réalité
établies par Dieu au commencement pour l’ensemble de ce que nous
appelons la nature, l’univers, ce que la Bible appelle le monde, le cosmos. C’est un des buts principaux des deux premiers chapitres
de la Genèse de nous décrire le déploiement majestueux par Dieu de
cet ordre à la fois cosmique et humain. C’est seulement sur ce
fondement d’une métaphysique biblique créationnelle que peut ensuite
se construire une éthique véritablement scripturaire et même une
doctrine cohérente et satisfaisante de la rédemption.
De
rien de pré-existant – ex
nihilo – Dieu créa souverainement le domaine spirituel, le
ciel, et le domaine physique, la terre. Mais la terre était informe et
vide. C’est-à-dire que l’univers venu à l’existence n’avait
pas encore ni sa forme définitive, ni son peuplement. Ce fut l’œuvre
des six jours de compléter, de parfaire l’œuvre divine commencée [3].
Pendant ce temps Dieu ordonne et peuple la terre. Cette œuvre est celle
d’une différentiation progressive. La lumière est séparée des ténèbres.
Une étendue – l’atmosphère – sépare les eaux d’en bas, l’océan
primordial, des eaux d’en haut, les nuées. Ensuite la terre est séparée
des eaux pour former les continents et les mers. Sur cette terre libérée
de l’océan primitif Dieu fait croître la végétation, chaque plante
se reproduisant selon la stabilité de son espèce. Puis dans l’étendue
il place des astres, le soleil, la
lune et les étoiles, chacun à la place qui est la sienne. Il peuple
ensuite les mers des êtres aquatiques et le ciel des oiseaux, eux aussi
fixés dans leur essence, chacun se reproduisant fidèlement selon son
espèce. Enfin, au sixième jour Dieu façonne de la terre les animaux
qui eux aussi se reproduisent selon leur espèce et l’homme enfin,
image même de Dieu et couronnement de toute la création. Le dernier
acte proprement créateur de Dieu fut celui de la femme.
Si j’ai brièvement évoqué l’œuvre créatrice divine,
œuvre par laquelle il différencie progressivement et de manière
stable sa création initiale, c’est que ces deux premiers chapitres de
la Bible nous donnent de manière concrète une description des catégories
divines à partir desquelles la création a été ordonnée. Ces catégories
ont la stabilité même de la Parole divine qui les a créées. Cet
ordre créationnel, cet ordre de nature, ne change pas, ne peut pas
changer jusqu’au jour où il sera entièrement renouvelé dans la
nouvelle création. Il s’agit en fait des fondements métaphysiques de
la réalité créée. Si l’ordre originel de l’univers est
aujourd’hui profondément affecté par les effets du péché de
l’homme, il n’en est pas pour autant aboli. L’ordre créationnel
n’est en rien ébranlé dans son essence par la chute. C’est ce que
nous dit clairement Dieu lui-même dans des oracles donnés au prophète
Jérémie :
Ces
paroles rappellent la promesse de Dieu faite à Noé après le Déluge :
L’Éternel dit en son
cœur : Je ne maudirai plus le sol, à cause de l’homme, parce
que le cœur de l’homme est disposé au mal dès sa jeunesse ; et
je ne frapperai plus tout ce qui est vivant, comme je l’ai fait. Tant
que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la
chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront pas.
(Genèse 8 : 21-22)
C’est
ainsi que de la manière la plus péremptoire Dieu affirme la stabilité
de l’ordre de sa création, cet ordre que nous avons vu être établi
par lui durant les six jours où furent créés le ciel et la terre et
tout ce qu’ils contiennent. Et cet ordre divin, établi par Dieu sur
la terre, inclut la distinction d’essence substantielle fondamentale
à l’existence de l’espèce humaine, la distinction entre l’homme
et la femme.
Voici ce que dit notre texte fondateur à ce sujet :
Ce
récit de l’acte créateur ultime de Dieu est placé à la fin du sixième
jour. Il est complété au deuxième chapitre de la Genèse par le récit
plus détaillé de la formation de la femme.
Ce
récit établit des distinctions capitales pour notre propos. D’abord
est affirmée la distinction essentielle entre l’homme et les animaux,
car il ne peut reconnaître un être qui soit son vis-à-vis, son
semblable auprès d’eux. Malgré certaines ressemblances, l’homme
appartient à un ordre distinct, foncièrement différent de celui des
animaux. La femme, tirée du côté de l’homme est, elle, par ce fait
capital, vraiment son vis-à-vis, son semblable, très littéralement os
de ses os, chair de sa chair. Le nom qu’Adam donne à l’épouse que
Dieu lui présente manifeste à la fois cette ressemblance et la différence
radicale qui les distingue de manière essentielle. L’homme mâle se
dit ici Isch, la femme, le
vis-à-vis d’Adam est nommé par lui Ischa. Nous savons que dans la pensée biblique, le fait de nommer
manifeste non seulement l’autorité de celui qui nomme sur ce qui est
nommé mais, plus encore, atteste la nature même de l’objet défini
par le nom qui lui est donné. Ainsi Adam en reconnaissant en Eve sa
compagne, affirme à la fois sa ressemblance et sa différence. Il déclare
pour toujours l’unité de l’espèce humaine créée toute entière
à l’image et à la ressemblance de Dieu, et affirme la différence
fondamentale entre l’homme et la femme, leur distinction essentielle,
leur complémentarité bienheureuse. Le récit divin de la création de
la femme continue :
Ce
texte a un caractère métaphysique fondateur. C’est lui qui définit
l’ordre créationnel, l’ordre de nature, en ce qui concerne
l’homme et la femme et les rapports qu’ils doivent entretenir. Ce détachement
du mari de ses parents et son attachement à sa femme a pour but
qu’ils constituent ensemble une seule chair, ce qui signifie l’union
conjugale, mais aussi le fruit de cette union, l’enfant qui en naîtra
normalement, enfant qui, comme nous le savons aujourd’hui de la manière
la plus péremptoire est constitué, dans une seule chair, des gènes
tant de la mère que du père. On comprend bien ici à quel point il est
criminel (et contre-nature) que l’homme en vienne à séparer ce que
Dieu a uni. L’homme, en quittant son père et sa mère fonde un
nouveau foyer. La femme passe, elle, de l’autorité du père à celle
de son mari, de la protection du foyer paternel à celle du foyer
conjugal. C’est ici qu’est établi l’ordre définitif,
l’essence, la substance même de la relation entre l’homme et la
femme.
Ces
considérations sur l’ordre créationnel nous amènent à mieux saisir
la nature du péché. La Bible connaît différentes manières de définir
le péché : manquer le but fixé par Dieu en est une ; une
autre se trouve dans le fait de s’adonner à l’impureté, à tout ce
qui est contraire à la sainteté de Dieu ; encore une autre,
celle-ci mieux connue, est l’acte de désobéissance aux commandements
de Dieu. Une forme essentielle du péché, forme dont nous ne tenons pas
assez compte, est celle qui consiste à rejeter l’ordre de Dieu, à préférer
le désordre issu de l’imagination pécheresse de l’homme à la
soumission à l’ordre divin. Comme le dit l’apôtre Paul,
Nous
nous approchons ainsi du sujet de notre exposé. Car notre texte ne dit
pas :
Ni
encore :
C’est
pourtant ce que prétendent en fait ceux qui défendent l’erreur de
considérer non seulement l’homosexualité comme une forme normale et
légitime de l’amour humain, mais encore qu’une telle relation
devrait être reconnue comme une forme institutionnelle légale du
mariage. Dans un tel renversement de l’ordre créationnel, nous avons
affaire à un désordre naturel, à un acte pervers commis contre
l’ordre créationnel orignal. Avant d’être un péché,
l’homosexualité est un acte contre-nature, un acte de révolte qui se
dresse contre l’ordre de la création lui-même et, en fin de compte,
contre le Concepteur et l’Auteur divin de cet ordre créé.
II.
L’homosexualité sous le regard de la loi juive, de la Thora
Dans une telle perspective, la législation contenue dans la Thora juive
par rapport à l’homosexualité devient beaucoup plus compréhensible,
car il s’agit de réprimer des actes qui s’opposent à l’ordre de
la création, actes qui renversent l’ordre créée lui-même. En fait
nous n’avons pas à faire ici à de simples péchés, comme le vol ou
même l’adultère, actes nuisibles qui se manifestent à l’intérieur
de l’ordre créé, mais à des actes qui renversent cet ordre lui-même.
Mais qu’est-ce en fait que l’homosexualité ? Greg Bahnsen,
dans son excellente étude consacrée à « L’homosexualité, un
point de vue biblique », donne la définition suivante que nous
faisons nôtre, du mot « homosexuel » :
«… le terme homosexuel sera utilisé ici pour une
personne, mâle ou femelle (ce qui inclut les lesbiennes), qui
entretient des relations sexuelles avec des membres du même sexe, ou
qui désire le faire [6]. »
Avant d’évoquer les exigences de la Loi mosaïque, reflet
de la Loi éternelle, de la pensée même de Dieu et écho parfait de la
loi naturelle inscrite dans la conscience de tous les hommes, il nous
faut dire un mot sur la situation de ceux qui souffrent de tentations
homosexuelles, qu’ils soient hommes ou femmes. Il faut soigneusement
distinguer ceux qui subissent de telles tentations de ceux qui s’y
livrent et, plus encore, des fanatiques du lobby homosexuel mondial. La
tentation homosexuelle n’est pas en elle-même un péché, pour autant
qu’on ne s’abandonne pas intérieurement à cette tentation et
qu’on ne s’y livre pas physiquement. Le chrétien, ou le non chrétien,
peut lutter contre de telles tendances et, comme le témoignent ceux qui
sont sortis de cet enfer narcissique, il peut vaincre de telles
tentations. De tels hommes et femmes devraient, bien plutôt, être aidés
que jugés dans les Églises. Il existe heureusement des groupes qui se
consacrent à venir en aide à de telles personnes en grande détresse
morale [7].
Pour ce qui concerne les homosexuels qui pratiquent ouvertement leur
vice et qui veulent l’imposer à la société comme étant une forme
normale de la sexualité, il faut trouver des moyens appropriés pour
rendre leurs actions inopérantes. Ils peuvent certes eux-aussi sortir
de ce cercle néfaste, mais cela demande de leur part une réelle
repentance, un changement de comportement et un renoncement complet à
l’idéologie perverse qui faisait jusqu’alors leur raison de vivre.
Le sang du Christ, son pardon acquis pour les pécheurs à la croix, est
pleinement suffisant pour nous purifier de tout péché.
Que dit la Loi de Moïse sur cette question ? Regardons
les textes qui traitent de ce sujet dans les chapitres 18 et 20 du Lévitique.
Après l’interdiction de l’inceste sous ses différentes formes, de
l’adultère, des sacrifices humains et des relations sexuelles pendant
les règles, nous lisons les commandements suivants.
Ces
lois reçoivent les commentaires suivants :
Au chapitre 20 du même livre nous lisons encore :
Voici pour le livre du Lévitique.
Voyons maintenant ce qu’enseigne le Deutéronome sur
d’autres infractions de la loi sur les relations sexuelles, lois où
nous pourrons constater l’importance que la Thora juive accorde à la
protection du mariage et à la préservation de la pureté des relations
conjugales.
Le livre de l’Exode donne les précisions suivantes pour ce
qui concerne ce dernier cas.
Ces
différentes lois sur les rapports sexuels sont l’application
casuistique, c’est-à-dire suivant les cas particuliers, du septième
commandement :
Nous voyons ici à quel point la loi de Dieu tient compte des
cas particuliers. Il est évident, par exemple, que le couple de jeunes
amoureux qui couchent ensemble par imprudence et par excès de passion
est traité fort différemment des amants adultères qui détruisent
l’alliance divine sacrée du mariage, ou ceux qui défient non
seulement la loi de Dieu, mais l’ordre de nature lui-même, en
couchant avec des personnes de leur propre sexe, ou encore avec des
animaux. Pour les premiers il y obligation de mariage. Pour les autres
la peine capitale. Regardons brièvement ce que nous enseigne les
commandements du Lévitique relatifs aux relations homosexuelles.
—
1/. Premièrement, de tels actes publiquement connus sont considérés
par le droit juif comme étant d’une extrême gravité. Comme
l’homicide volontaire, l’adultère, l’inceste et la bestialité
sont perçus comme dignes de la peine de mort. Pourquoi une telle sévérité ?
Une comparaison du droit hébraïque biblique avec les systèmes
juridiques du Moyen Orient Ancien, tels les droits assyriens, hittites
ou babyloniens révèle une certaine modération dans la Thora en ce qui
concerne l’application de la peine de mort à des actes criminels spécifiques.
Comme l’a montré très justement Roland de Vaux [8],
tous les cas de peines capitales dans le droit hébraïque peuvent se résumer
sous un seul chef : des offenses publiques contre Dieu. De manière
directe par des blasphèmes publics, la fausse prophétie et des actes
de magie et de sorcellerie, etc. ; de manière indirecte en
attaquant les deux aspects de l’image de Dieu dans la création :
a) l’image spécifique de Dieu, l’homme, dont l’intégrité et la
vie sont protégés par la peine capitale ; b) la famille, image de
la famille céleste (la Sainte Trinité) dont l’intégrité et la vie
sont également protégées par la peine capitale. C’est dans cette
perspective de la protection de la famille comme image divine que le
droit hébraïque a établi la peine de mort pour des actes homosexuels
publics, comme pour l’adultère, l’inceste et la bestialité. Ces
diverses perversions par rapport à l’ordre biblique du mariage sont sévèrement
réprimées par le droit hébraïque biblique. L’infraction de ces
lois entraînaient des peines exemplaires pour ceux qui les
enfreignaient.
—
2/. La deuxième chose à relever est la conséquence qui découle pour
une nation ou un peuple d’ignorer volontairement et de rejeter les
implications juridiques de ces commandements. Les peines exemplaires édictées
par la Thora juive contre les crimes les plus graves qui portent
atteinte à l’intégrité et à la vie de la famille sont avant tout
une protection de la société contre sa tendance à opérer sa propre
destruction. Si de tels crimes sont tolérés dans une quelconque société,
nous dit notre texte, s’ils sont cautionnés par le laxisme des
tribunaux et, pire encore, s’ils en viennent à être légitimés par
des lois qui institutionnalisent le crime, la conséquence inéluctable
sera la destruction de la nation elle-même. Notre texte est particulièrement
clair : la terre elle-même vomira les habitants d’un pays qui
tolère de telles abominations sur son sol, qui les cautionnent
juridiquement ou qui les légitiment institutionnellement. De tels
actes, nous disent notre texte, poussent la création elle-même à
rejeter de son sein les peuples qui font de ces mœurs perverties une
pratique courante acceptable à l’ensemble du peuple.
Le
commentaire de John Hartley est ici fort approprié :
Pour
Israël, un lien étroit existe entre le comportement des habitants
d’un pays et la fécondité sol. Quand le peuple obéit aux lois de
Dieu, Dieu bénit la terre qui produira en conséquence d’abondantes récoltes.
Mais si le peuple se pollue par des pratiques immorales, tout particulièrement
dans le domaine sexuel, pratiques semblables à celles de ses occupants
précédents, il rend la terre impure. La terre deviendra si dégoûtée
par de tels comportements qu’elle vomira ses habitants. C’est Dieu
lui-même qui lui administrera l’émétique qui incitera le sol à
vomir ses habitants. La guérison de cette terre souillée ne peut être
obtenue qu’en se débarrassant de ce qui la rendait malade [9].
Une
telle vision du rapport étroit entre l’ordre du cosmos et le
comportement des hommes nous est devenue largement étrangère depuis la
révolution scientifique du XVII e siècle, transformation du
cadre de la pensée qui sépara de manière erronée ce qui serait
considéré comme « scientifique », de ce qui ne le serait
pas, reconnaissant comme vérité « objective » que ce qui
se soumet aux règles des nouvelles sciences. Cette nouvelle façon de
voir à laquelle nous sommes tous plus ou moins inféodés, en débarrassant
la pensée des modernes de la conception biblique (et vraie !) de
l’alliance divine établie avec l’ordre créé, refuse à l’homme
sa place de vice-roi de toute la création et rejette ainsi toute idée
que les actes moraux ou immoraux des hommes puissent interférer sur le
fonctionnement de la nature, en bien comme en mal.
Prenons
une comparaison tirée de la médecine moderne. Lors de la greffe d’un
organe, on constate souvent le phénomène du rejet : l’organisme
ne supporte pas ce corps étranger et s’en débarrasse. De la même
manière la création défend elle-même l’ordre dans lequel Dieu
l’a constituée et rejette de son sein les peuples qui se corrompent
de cette façon. Comment cela se produit-il ? Souvent par
l’autodestruction d’une société qu’entraîne de telles
pratiques. La destruction, par les mœurs perverses que réprouvent nos
textes, de l’ordre créationnel social premier qu’est celui de la
famille, cellule fondatrice de toute société, entraîne à terme la
destruction de la société elle-même. On ne peut construire une société
en allant à l’encontre des règles qui la constituent. Il est
parfaitement clair, pour ne prendre qu’un exemple, qu’une société
largement constituée d’homosexuels ne peut se reproduire
physiquement. La parodie d’une sexualité normale pratiquée ainsi
entre personnes d’un même sexe ne peut être qu’intrinsèquement stérile.
Une cause essentielle de la crise démographique que connaissent toutes
les sociétés industrialisées aujourd’hui, et ceci sur toute la
surface de la terre, provient de manière importante de la tolérance et
même de l’approbation que rencontrent ces mœurs, aussi perverses que
désordonnées, si sévèrement (et si salubrement) condamnées par les
textes de la Thora juive que nous avons sous les yeux [10].
—
3/. Il y a plus encore. De tels actes, dont l’homosexualité, sont,
nous dit notre texte, considérés par Dieu comme des « horreurs »,
des « abominations ». L’expression hébraïque est celle
de to ebah, dont la racine a
pour sens « haïr, avoir horreur de ». Une abomination dans
la Bible est quelque chose qui est détestable pour Dieu, dont il a
horreur. Il s’agit d’un mal parvenu à son comble, à son
aboutissement pervers ultime. C’est en ceci qu’il appelle
immanquablement le jugement définitif de Dieu. Si l’autorité
publique ne réprime pas de telles actions et ne les extirpe pas du sein
de la société, c’est Dieu lui-même qui s’en chargera. C’est ce
que nous fait voir la destruction de Sodome et Gomorrhe au temps d’Abraham
et de Lot et la destruction des nations habitant le pays de Canaan, par
le feu et le fer des armées d’Israël, au temps de Josué. C’est
non seulement la nature, l’ordre toujours actuel de la création, la
terre elle-même qui vomit les peuples qui se livrent à de telles mœurs,
mais bien plus encore, Dieu lui-même en a une sainte horreur.
—
4/. Enfin nos textes nous parlent de la bestialité (Lévitique 18 :
23) et des rapports incestueux (Lévitique 20 :12) comme d’une
« confusion ». Cette notion de « confusion »
s’applique à toute déviation du comportement sexuel par rapport à
l’ordre créationnel que nous examinons ici. La pureté ou la sainteté
dans la Bible n’est pas du ressort simplement des catégories morales
rationnelles. Elles consistent en fait à garder séparé ce que Dieu a
établi comme séparé. L’impureté ou la profanation est le fait de mélanger
ce qui devrait être gardé séparé. Il s’agit du péché considéré
sous l’angle de la destruction de l’ordre créationnel. C’est cet
aspect que relève Josef Pieper dans son ouvrage classique sur le péché :
Avant
l’apparition de la modernité, tous partageaient la conviction commune
que le premier et le plus décisif critère pour déterminer les normes
de comportement dans tous le domaine de l’action humaine devait être
la nature : ce que l’homme et les choses sont « par nature »
est ce qui détermine le bien et le mal. En plus, l’expression
« par nature » signifie essentiellement : en conséquence
d’avoir été créé, en conséquence d’être une créature. En
d’autres mots la « nature » de l’homme peut être
presque entièrement identifiée avec son statut de créature [11].
Contrairement
aux positions défendues par un Roger Garaudy ou un Jurgen Moltmann – en
ceci dignes disciples de Jean-Jacques Rousseau – la liberté
humaine ne part pas de zéro, ex
nihilo, c’est-à-dire à partir d’une capacité de l’homme de
déterminer librement par lui-même le bien et le mal, ceci sans référence
à un ordre créationnel donné par le Créateur au commencement de
l’univers. Cette position marxiste et néo-protestante n’est
qu’une variante moderne du péché
originel. Pieper continue :
En
réalité, toute action humaine qui entraîne notre responsabilité
humaine, que nous soyons chrétiens ou non, ne peut être mise en
mouvement qu’à partir de ce présupposé : tant le monde que
l’homme sont des êtres appelés à l’existence en vertu de leur
condition de créatures. En plus, en fonction de ce même présupposé
– celui de notre réalité de créatures – nous sommes confrontés
à un critère, une barrière, une norme qui détermine nos décisions,
décisions qui ne sont jamais prises librement à partir du néant.
Elles sont toujours des décisions provenant de la créature, et prises
par nous en tant que créatures [12].
John Hartley, dans son Commentaire récent du livre du Lévitique
nous explique ce caractère inéluctablement créationnel – et jamais
autonome – des décisions humaines comme suit :
La cosmologie de l’Ancien Testament place des barrières
entre le domaine de Dieu et le domaine humain et entre le domaine humain
et le domaine animal ; tout mélange entre ces domaines est considéré
comme non naturel, comme une confusion [13].
Bien d’autres catégories sociales tirées de l’ordre créationnel
– telles hommes-femmes, jeunes-vieux, maîtres-serviteurs,
enfants-parents, élèves-maîtres, souverain-peuple, etc. –
pourraient ici être ajoutées. Mary Douglas dans son ouvrage De
la souillure donne une excellente explication de ce principe
biblique qui exige que nous nous conformions à ces catégories
fondamentales, celles de ce qu’on peut appeler l’« ordre métaphysique
premier » – à l’ordre cosmologique immuable, tel qu’il
a été pensé par Dieu et tel qu’il est, lors de la création, sorti
de ses mains et tel qu’il demeure aujourd’hui. Mary Douglas écrit :
Le
mot « perversion » [utilisé parfois pour traduire le mot
« confusion » dont nous examinons ici le sens et les
implications] est une erreur significative du traducteur. L’original,
en hébreu, est tebhel, qui
signifie « mélange » ou « confusion ». […]
Nous pouvons en conclure que la complétude est typique de la sainteté.
Celle-ci exige également que les individus se conforment à leur
classe, et qu’il n’y ait pas de confusion entre les différents
groupes d’objets. […] La sainteté s’étend, selon d’autres préceptes
encore, aux espèces et aux catégories. Les hybrides et autres
confusions sont des abominations.
La
célèbre anthropologue continue :
Etre
saint, c’est distinguer soigneusement les différentes catégories de
la création, c’est élaborer des définitions justes, c’est être
capable de discrimination et d’ordre. C’est ainsi que toutes les règles
relatives à la morale sexuelle sont des exemples de sainteté.
L’inceste et l’adultère [et encore plus l’homosexualité et la
bestialité] (Lévitique 18 : 6-20) sont contraires à la sainteté,
puisqu’ils vont à l’encontre de l’ordre. La morale n’entre pas
en conflit avec la sainteté, mais celle-ci consiste davantage à séparer
ce qui doit être séparé qu’à protéger les doits des maris et des
frères [14].
Nous voyons ainsi que selon l’enseignement de la Thora
juive, selon les définitions morales et juridiques que nous donne la
Loi d’Israël, ce péché, ce désordre métaphysique, moral et social
que constitue l’homosexualité, est digne de la peine capitale ;
qu’il conduira les peuples qui le tolèrent à disparaître, à être
vomis par le sol qui les accueille ; qu’il est une horreur, une véritable
abomination aux yeux de Dieu ; et enfin qu’il s’agit d’un mélange,
une confusion qui met sens dessus dessous l’ordre même de la nature,
celui des catégories créationnelles elles-mêmes. C’est ce dernier
caractère qui conduisit Francis Schaeffer à caractériser
l’homosexualité (comme c’est aussi cas pour le féminisme) comme
constituant, en tout premier lieu, une déviation philosophique, une déviation
dans l’ordre de la pensée, une confusion dans les termes, dans les
catégories, désordre funeste aux conséquences mortelles. C’est le
fruit inévitable de toute la philosophie moderne d’abord nominaliste
avec Occam, puis subjectiviste avec Descartes, puis encore idéaliste
avec Kant, dialectique, avec Hegel et enfin existentialiste avec Sartre.
C’est le résultat, entériné par cette tradition philosophique délétère,
de la séparation qu’opère la pensée moderne entre la science et la
métaphysique d’une part, et de l’autre, entre une philosophie
(moderne) en guerre contre la métaphysique et la théologie, la pensée
même du Créateur.
C’est d’ailleurs ce que nous laisse comprendre l’apôtre
Paul dans l’analyse définitive qu’il fait du phénomène
homosexuel. C’est ainsi que notre analyse nous conduit tout
naturellement à examiner ce que nous dit le Nouveau Testament, et plus
spécifiquement le début de l’épître aux Romains, sur cette
question.
III.
L’homosexualité sous le regard de saint Paul, Docteur d’Israël et
Apôtre des Gentils
Nous lisons dans le premier chapitre de l’épître de Paul aux Romains
le texte suivant :
La colère de Dieu se révèle
du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui
retiennent injustement la vérité captive car ce qu’on peut connaître
de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté.
En effet, les
(perfections) invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité,
se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère
dans ses ouvrages.
Ils sont donc
inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié
comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils se sont égarés
dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été
plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont
devenus fous ; et ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible
par des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des
quadrupèdes et des reptiles.
C’est pourquoi Dieu
les a livrés à l’impureté, selon les convoitises de leurs cœurs,
en sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leurs propres corps ; eux
qui ont remplacé la vérité de Dieu par le mensonge et qui ont adoré
et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement.
Amen !
C’est pourquoi Dieu
les a livrés à des passions déshonorantes, car leurs femmes ont
remplacé les relations naturelles par des actes contre nature ; et
de même les hommes, abandonnant les relations naturelles avec la femme,
se sont enflammés dans leurs désirs, les uns pour les autres ; ils commettent l’infamie, homme avec
homme, et reçoivent en eux-mêmes le salaire que mérite leur égarement.
Comme ils n’ont pas
jugé bon d’avoir la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à une
mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes ; ils
sont remplis de toute espèce d’injustice, de méchanceté, de cupidité,
de perfidie ; pleins d’envie, de meurtre, de discorde, de fraude,
de vice ; rapporteurs, médisants, ingénieux au mal, rebelles à
leurs parents, sans intelligence, sans loyauté, sans affection, sans
indulgence, sans pitié.
Et bien qu’ils
connaissent le décret de Dieu, selon lequel ceux qui pratiquent de
telles choses sont dignes de mort, non seulement ils les font, mais
encore ils approuvent ceux qui les pratiquent.
(Romains 1 : 18-32)
Nous nous trouvons ici devant un texte qui établit, on
pourrait dire, les structures de l’histoire théologique et métaphysique
de l’homme déchu. Dans cette histoire du péché la question qui nous
préoccupe, l’homosexualité masculine et féminine, trouve une place
de choix. En fait ce phénomène moral particulier, nous enseigne notre
texte, ne peut pas être considéré en dehors de l’histoire générale
du péché, en dehors de l’histoire des relations du Dieu saint et
juste avec une humanité qui s’est volontairement détournée de Lui.
Nous n’allons pas, il est évident, nous livrer ici à une étude détaillée
d’un texte aussi riche mais simplement tenter d’en indiquer brièvement
les orientations fondamentales et les axes décisifs, ceci afin de nous
permettre de mieux comprendre la place de l’homosexualité dans
l’histoire des relations de Dieu avec les hommes.
1/. Au commencement Dieu
Par l’acte de création Dieu, en créant toutes choses,
appose sur chacune d’elles la marque de son origine, le signe et le
reflet de Celui qui en est le Concepteur et le Créateur. Ainsi nous dit
notre texte, rien dans l’univers ne porte la marque du hasard ; tout
parle haut et clair du Dieu Créateur. La vérité de l'origine divine
et de la sagesse insondable et la puissance sans limite de Celui dont témoigne
chaque détail de la création crève littéralement les yeux de tout
homme qui vient dans ce monde. Les sens et l’intelligence des hommes
leurs ont été donnés pour qu’ils puissent reconnaître le Créateur
du cosmos au travers du témoignage clair et sans ambiguïté de ses
oeuvres et en le reconnaissant pour le seul Dieu véritable lui accorder
par son adoration l’honneur et la gloire qui Lui sont dus.
2/. Après la bonté
originelle, le péché et la chute de l’homme
Mais cette vérité première du Dieu Créateur, Sustenteur
et Fin de toutes choses n’a pas été retenue par les hommes. Au lieu
de se soumettre à Dieu, de l’adorer et de conduire leur pensée en
fonction des catégories créationnelles divines, ils ont préféré
enfermer cette Vérité par leurs actes injustes, c’est-à-dire réglées,
non plus sur la pensée du Dieu Créateur et sur l’ordre de sa création
telle qu’elle s’y révèle et telle qu’elle est confirmée par
l’Écriture, mais sur leurs propres raisonnements fantaisistes. Parce
qu’ils ont ainsi refusé les évidences de leurs sens et le
raisonnement droit qui devait en découler, évidences et raisonnement
qui devaient les conduire à adorer Dieu et à lui manifester leur
reconnaissance pour tous ses bienfaits, Dieu les juge inexcusables et
les abandonne à leurs propres vains raisonnements, c’est-à-dire à
leur manière de penser en rupture avec les catégories divines, celles
inscrites par le Créateur dans le cosmos et dans le fonctionnement de
l’intelligence humaine et révélées infailliblement par son Esprit
dans les Saintes Écritures. C’est ainsi que, devenu
intellectuellement et spirituellement aveugles, ils se croient sages.
Mais leur condition véritable est bien différente de celle
que, dans leur arrogance, ils imaginent être la leur. Leur émancipation
intellectuelle et catégorielle des pensées de Dieu les ont plongés
dans les ténèbres ; leur cœur s’est ainsi privé de la lumière
divine qui éclaire toutes choses, de l’intelligence du Créateur, et,
privés de cette lumière dans leur aveuglement spirituel insondable,
ils se sont abandonnés au culte des idoles. Ayant substitué leurs
vaines pensées aux catégories divines et créationnelles, ils ont
remplacé le Créateur des cieux et de la terre par des simples créatures,
l’homme corruptible, des oiseaux, des animaux et des reptiles.
Aujourd’hui nous devrions parler d’idoles philosophiques,
culturelles, scientifiques, techniques et politiques, systèmes
conceptuels sophistiqués construits à partir de la révolte du premier
homme contre les catégories établies par Dieu pour ordonner sa création.
Dans le monde moderne, cette révolte intellectuelle est allée jusqu’à
façonner la réalité technique, sociale et politique en des systèmes
de vie et d’action structurellement opposés à Dieu et qui nous
tiennent prisonniers de structures artificielles anti-naturelles,
immorales et impies d’où la pensée même du Créateur est
structurellement exclue.
3/. Le dérèglement
moral de l’homme fruit de son dérèglement catégoriel et de l’idolâtrie
qui en est l’inévitable conséquence
Ayant perdu ses repères intellectuels, étant éloigné de
la vérité, l’homme est abandonné à ses émotions, à ses passions
qui elles s’orientent dans n’importe quelle direction. Dans la
structure créationnelle de l’homme la vérité tient la première
place, la volonté la suit permettant de mettre la vérité en action et
l’émotion couronne l’accomplissement du bien. Dans la structure déviée
de l’homme pécheur c’est maintenant l’émotion, la passion, la
convoitise humaine déréglée qui tient le premier rang, la volonté
suit en esclave les passions déchaînées, libérées et le
raisonnement (la vérité de jadis) vient en dernier lieu comme idéologie
travaillant à justifier le triomphe du mal.
Le jugement de Dieu se manifeste alors sur de tels hommes. Il
les abandonne à leurs propres desseins, les livre à l’impureté de
leurs cœurs. Ils ne savent plus séparer le pur et l’impur, le saint
et le profane, le bien et le mal selon les catégories créationnelles
divines. Ils sont livrés au désordre, à des passions infâmes qui
enfreignent non seulement les commandements de Dieu, expression de la
nature sainte de Dieu et reflet de l’ordre de la création, mais
remplacent la vérité de Dieu par le mensonge, c’est-à-dire par
toutes sortes de catégories fausses de leur propre invention. A la fin,
comme les politiciens qui prétendent nous gouverner, ils ne savent plus
distinguer leur main droite de leur main gauche.
4/.
L’homosexualité : l’aboutissement d’un long processus de déviation
intellectuelle, d’impiété et d’immoralité
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet exposé,
l’œuvre des six jours de la création fut celle d’un ordre
croissant, d’une ordonnance progressive de l’œuvre de Dieu, d’un
mouvement vers une pleine perfection de l’univers. Le chemin que Paul
décrit ici va dans le sens contraire. Il s’agit d’une véritable déconstruction
par les hommes de l’ordre créé. Comme nous l’avons vu, la déconstruction
de cet ordre divin a commencé par un refus de reconnaître la puissance
et la sagesse de Dieu au travers du témoignage infaillible que lui rend
ses œuvres. Puis l’homme s’est abandonné à l’idolâtrie ;
il a remplacé le seul vrai Dieu par des imitations de sa propre
confection. Enfin ce processus à conduit l’homme à se livrer, à être
livré par Dieu, à toutes sortes de péchés. L’homosexualité est
l’aboutissement du cheminement d’une civilisation dans le sens
d’une véritable déconstruction spirituelle, intellectuelle et
morale. L’homosexualisation d’une société n’est pas simplement
la somme des perversions individuelles. Il ne s’agit pas ici d’un phénomène
uniquement individuel et personnel. C’est la texture même de la société
qui est transformée. C’est pour cette raison que le phénomène
homosexuel est si souvent lié à la destruction des structures créationnelles
de la famille : perte d’identité sexuelle des parents, abandon
par le père de son rôle de chef de son épouse, de chef de son foyer
(une véritable efféminisation) ; masculinisation dominatrice de
l’épouse et de la mère, qui est le caractère véritable de ce qu'on
nomme à tort le « féminisme ».
Cette homosexualisation du tissu social est le fruit d’un
long processus de perte des catégories théologiques, morales et métaphysiques.
Cette perte d’ordre intellectuel s’incarne, si on peut ainsi parler,
dans une perte d’ordre dans toute la vie de la société. A l’ordre
créationnel se substitue ce qui ressemble fort à l’anarchie sociale
et politique ; au cosmos dans sa perfection, dans son entière bonté
tel qu’il est sorti des mains du Créateur à la fin du sixième jour,
se substitue ce qui ressemble fort au chaos. Tout tombe en morceaux,
tout se désorganise, tout se fige dans l’ordre mensonger des systèmes
totalitaires antinomiens, mécaniques et sans vie. C’est la mort dans
la cité de Francis Schaeffer, la cité des morts du technocosme de Jan
Marejko, la culture de la mort de Jean-Paul II. Ce n’est plus
simplement l’immoralité de la révolte contre les commandements de
Dieu, ni l’amoralité de l’indifférence aux lois divines mais le désordre
figé, contre-nature d’une société homosexuelle qui se précipite
vers le jugement de Dieu. Et nous voyons que cet aboutissement du désordre,
ce point culminant dans la croissance dans le mal, n’est plus
simplement le fait du libre choix des hommes. Il s’agit maintenant de
l’action souveraine de Dieu lui-même qui précipite une société qui
le rejette, de plus en plus rapidement sur la pente glissante de la
perdition éternelle. Sur cette pente on ne perçoit plus les repères
qui avaient jadis dirigé les hommes. Les hommes en ont progressivement
effacé, non seulement les distinctions morales de la Loi de Dieu, mais
aussi (et ceci est infiniment plus grave) toutes les catégories premières
qui fondent l’ordre de la création lui-même. La révolte de
l’homme aboutit ici à une véritable œuvre de dé-création.
Lorsque des hommes (et des femmes !) d’Église –
comme c’est le cas pour le successeur dans la chair de Jean Calvin à
Genève, la Modératrice de la Société
des Pasteurs, Madame Isabelle Graesslé – en viennent à
faire l’apologie de telles pratiques homosexuelles et lesbiennes, ils
se placent volontairement sous la condamnation du texte qui clôt le
passage de l’épître aux Romains que nous venons de parcourir :
Ce n’est pas impunément que l’on se livre ainsi entre
les mains du Dieu vivant.
Conclusion
A une époque marquée de plus en plus fortement par le désordre
conceptuel il est capital que les repères divins, tant créationnels
que théologiques et moraux, soient très nettement rappelés. Avant
d’annoncer l’Évangile du salut en Jésus-Christ aux perdus, à ceux
pour lesquels ont disparu non seulement le sens des dogmes chrétiens et
celui des normes morales, mais également la perception de ces catégories
métaphysiques créationnelles et bibliques premières dont nous venons
de parler, il est impératif d’abord de rappeler les structures de
l’ordre créationnel de Dieu. C’est ce que nous avons cherché à
faire ce soir. C’est seulement alors que nous pouvons assumer la tâche
capitale d’annoncer l’Évangile du salut en Jésus-Christ aux hommes
et aux femmes si nombreux aujourd’hui qui se sont enfoncés dans les méandres
sans fin de ce labyrinthe métaphysique, spirituel et moral qu’est le
monde dit « post-moderne ». Le mode de vie dans lequel
baignent la plupart de nos contemporains représente un univers d’où
ont disparu les catégories premières qui distinguent, parmi bien
d’autres différences créationnelles, celle entre l’homme et la
femme. Les ténèbres auxquels nous devons faire face sont telles que la
proclamation de l’ordre de la création doit aujourd’hui précéder
celui de la Loi et encore plus celle de l’Évangile. Car sans cet
ordre métaphysique créationnel premier, reflet de la pensée et du
caractère du Dieu Créateur, ni la Loi de Dieu, ni la Rédemption en Jésus-Christ
ne peuvent avoir de sens.
Le peuple de Dieu a toujours été confronté au phénomène
de l’homosexualité. Ceci fut vrai tant pour l’Église de l’Ancien
Testament que pour celle du Nouveau, tant en ce qui concerne le temps de
la première Église, qu’aujourd’hui, époque plus avancée dans
l’histoire du salut où, comme le dit l’épître aux Hébreux, nous
voyons le Jour du Jugement
s’approcher plus près de nous (Héb. 10 : 25). Mais
aujourd’hui il nous faut faire face à un phénomène nouveau :
une fossilisation, un durcissement, pour tout dire une véritable
institutionnalisation du mal [15] qui était inconnue de nos pères, ceci même dans les périodes les
plus corrompues de l’histoire humaine. Je me réfère ici à ce que
vous appelez en France le PACS, législation bâtarde instituant de prétendus
« mariages » entre personnes du même sexe, absurdité
juridique que nos législateurs suisses cherchent également à nous
imposer [16].
Cette situation nouvelle place l’Église de Jésus-Christ
devant de redoutables responsabilités : il faut que la Vérité de
Dieu, tant celle de la Création, que celle de la Loi et celle de l’Évangile,
soit aujourd’hui proclamée (comme jadis) haut et fort mais surtout de
manière à répondre aux défis spécifiques de ce temps.
C’est ce que j’ai tenté, avec l’aide de Dieu et votre
patience, de faire devant vous ce soir.
Jean-Marc Berthoud,
Lausanne, le 1er janvier de l’an de grâce 2002.
[1] Conférence donnée dans le cadre du cycle des « Conférences Éthiques 2001-2002 » de l'APEB/ERE de Paris dans le Centre culturel luthérien de Paris, dans le quartier du Marais à Paris, le vendredi 11 janvier 2002. [2] Sébastien, Ne deviens pas
gay, tu finiras triste. Témoignage, François-Xavier de
Guibert, Paris, 1998. Voyez les deux ouvrages suivants pour une
perspective réaliste sur le mouvement homosexuel : Paul
Cameron, The Gay Nineties. What
ehe Empirical Evidence Reveals About Homosexuality, Adroit Press, P.O. Box 680365, Franklin, Tennessee 37068, 1993 et
Scott Lively and Kevin Abrams, The
Pink Swastila. Homosexuality and the Nazi Party, Founders
Publishing Corporation, Box 20307, Keizer, Oregon 97307, 1995.
[3] Il s’agit de manifester les perfections contenues en puissance dans la création du ciel et de la terre au premier jour. C’est l’œuvre des six jours. Sur cette question du déploiement progressif de la création dans toutes ses perfections avant le repos divin du septième jour, voyez l’ouvrage capital de Oliva Blanchette, The Perfection of the Universe According to Aquinas, a Teleolgical Cosmology, Pennsylvania State Univiversity Press, University Park, 1992. [4] Plus loin dans le même livre nous lisons :
[5] Le texte de Paul continue d’une manière qui montre à quel point sont importantes, dans la perspective biblique des fondements métaphysiques de l’ordre communautaire, les relations hiérarchiques justes entre les hommes et les femmes : Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais quelles soient soumises, comme le dit aussi la loi. (I Cor. 14 33-34) La référence est au récit de la création de la femme en Genèse 2 ainsi qu’en Genèse 3 : 16 : Tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. [6] Greg Bahnsen. Homosexuality a Biblical View, Baker Book House, Grand Rapids, 1978, p. 5.
[7] Gérard J. M. van den Aardweg, The
Battle for Normality. A Guide for (Self-) Therapy For Homopsexualtiy, Ignatius, San Francisco, 1977.
[8] Roland de Vaux, Les Institutions de l’Ancien Testament, Cerf, paris, 1989, Tome I, ch. 10. [9] John E. Hartley, Leviticus,
Word Biblical Commentary, Vol. 4, Word Books, Dallas, 1992, p.
298.
[10] Voyez Rousas John Rushdoony, The
Institutes of Biblical Law, VII. The Seventh Commandment,
Presbyterian and Reformed, Philydelphia, 1973, pp. 333-447 ,
Pitrim A. Sorokin, The
American Sex Revolution, Porter Sargent Publisher, Boston, 1956 ;
Pierre Chaunu et Georges Suffert, La
peste blanche, Gallimard, Paris, 1976.
[11] Josef Pieper, The Concept of Sin, St. Augustine’s Press, South Bend, Indiana,
2001, p. 36.
[12] Josef Pieper, Ibidem, p. 40-41.
[13] John E. Hartley, op. cit.,
p. 298.
[14] Mary Douglas, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, François Maspero, Paris, 1971, pp. 72-73. Elle affirme par ailleurs : « …si
l’impur est ce qui n’est pas à sa place, nous devons
l’aborder par le biais de l’ordre. L’impur, le sale, c’est
ce qui ne doit pas être inclus si l’on veut perpétuer tel ou tel
ordre. » (op.
cit., p. 59).
[15] Jacques Bichot et Denis Lensel, Les autoroutes du mal. Les structures déviantes dans la société moderne, Presses de la Renaissance, Paris, 2001. [16] Dans la Réponse de l'Association vaudoise de parents chrétiens à la consultation fédérale sur la situation juridique des couples homosexuels en droit suisse, qui fut envoyée par nous à nos autorités fédérales, nous nous sommes adressés à ce problème : « Il s'ensuit [des considérations précédentes sur le caractère créationnel, biblique et historique de l’institution du mariage] que dans la vision naturelle et biblique du mariage des relations perverses telles que l'homosexualité ou la bestialité ne peuvent qu'être considérées comme non seulement mauvaises en elles-mêmes (comme le serait, par exemple, l'adultère) mais comme constituant des actes contre nature, allant à l'encontre de l'ordre de la création. Blaise Pascal ne disait-il pas que renverser la loi constituait un acte bien plus grave pour un homme que d'enfreindre cette même loi. Car le renversement de la loi légitimait une multitude de crimes. De même, nous devons affirmer que le fait de vouloir renverser la conception d'un ordre de nature (ce que nous propose l'Office fédéral de la justice) est un acte plus grave encore que celui de renverser l'ordre de la loi lui-même. Car une fois la notion de « nature » abolie de l'esprit d'un peuple, le discernement entre ce qui est naturel et ce qui est contre-nature devient tout simplement impossible. L'idée d'une réalité substantielle des êtres devient en fin de compte impensable. C'est en effet ce à quoi doit nécessairement aboutir l'orientation spirituelle et philosophique qui sous-tend la volonté de légaliser le «couple» homosexuel. Il s'agit d'un des aspects de ce que la Bible appelle, «être dans les ténèbres», c'est-à-dire sans repères, perdu. C'est le retour au chaos, au désordre radical, à l'informe. L'avenir même de ce que nous appelons la civilisation dépend du rejet de cette manière de détruire la pensée et de répandre la confusion dans les institutions sociales. Le droit issu de la tradition occidentale s'est toujours élevé contre de tels désordres. Il le faisait en punissant le mal et en encourageant le bien par l'exercice de la justice, mais aussi, dans un sens plus profond, en maintenant avec la plus grande vigueur ce qui était naturel et en réprimant tout comportement qui aurait pu être taxé de contre-nature. En effet, jusqu'à une période toute récente, la légalisation de tels comportements était tout simplement impensable. Ceci nous montre la profondeur de la révolution juridique qui nous est aujourd'hui proposée. Réponse de l'Association vaudoise de parents chrétiens à la consultation fédérale sur la situation juridique des couples homosexuels en droit suisse, Chapitre III, « Le droit, protection contre la tendance au désordre social », A.V.P.C, Lausanne, le 30 septembre 1999. »
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