VIVRE POUR VIVRE : (Romains 8:12-14)

Avez-vous parfois le sentiment que votre vie chrétienne piétine, que vous avez atteint un palier et que vous y êtes bloqué ?

Rien de plus normal. Le problème se pose, cependant, de savoir pourquoi nous n'arrivons plus à avancer et comment reprendre un second souffle.

Evidemment, face à toutes sortes de problèmes, spirituels ou autres, la tentation est forte de remettre en question sa foi, ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose. Il est bon, de temps en temps, en effet, de faire une révision générale de sa santé spirituelle et de s'apercevoir que ce que l'on pensait avoir compris ne l'était pas vraiment.

Mais cela fait, il faut aller plus loin. Notre foi est réelle, nous sommes attachés à Jésus-Christ comme les sarments au cep; pourtant, les fruits qui devraient être abondants sont absents. Alors que faire ?

Etre chrétien

Le chrétien oublie, de temps à autre, qu'il est devenu une personne différente. Son coeur endurci a été enlevé et il a reçu un coeur nouveau. La conversion à Christ ressemble moins à un pacemaker destiné à stimuler et à régler notre vie qu'à une greffe d'organe. Un principe radicalement différent a pris la direction de notre être et rien n'est plus comme avant.

Notre organisme est entré dans une lutte formidable, dont il ne faut jamais minimiser la vigueur. Nos anciennes habitudes, notre "chair", combat la nouvelle réalité qui est, désormais, la nôtre. De même que l'organisme s'efforce de rejeter un organe greffé, le péché qui demeure en nous tente d'éliminer notre foi.

La tentation

J'ai l'impression qu'aujourd'hui trop de chrétiens, pourtant bien intentionnés, ignorent comment faire face à cette situation.

Une première réaction est de se comporter comme on le fait avec une plante chétive: la déraciner pour la mettre ailleurs, la tailler ou la gaver d'engrais. C'est ainsi que certains chrétiens pensent qu'ils seraient mieux dans une autre Eglise ou dans un autre travail, ou cherchent à s'imposer toute une série de règles, ou sont à l'affût d'expériences spirituelles fortes.

La démarche essentielle

Bien sûr, ces solutions ne sont pas forcément néfastes si, du moins, elles ne constituent pas des échappatoires pour combler nos désirs. Il en va malheureusement ainsi chaque fois que l'on cherche à résoudre ses problèmes sans utiliser les armes spécifiques du chrétien, tel que la Bible les décrit.

A plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, nous sommes exhortés à ne pas "éteindre", ou à ne pas "attrister l'Esprit" qui nous a été donné lors de notre conversion. Mais comment faire ?

L'apôtre Paul répond à cette question dans l'incomparable chapitre 8 dans l'épître aux Romains :

"si vous vivez par la chair vous mourrez, mais si par l'Esprit

vous faites mourir les actions du corps vous vivrez..."(v.13)

Tel est le moyen principal, et pourtant si négligé, qui permet de progresser dans la vie chrétienne; tout autre "méthode" imaginable est inutile. A quoi Paul exhorte-t-il ?

Une action nécessaire

L'apôtre s'adresse à des personnes qui confessent la foi chrétienne. Il les avertit : vivre selon la chair au sens large, c'est-à-dire physiquement et spirituellement, conduit à la mort. Un chrétien ne peut pas vivre ainsi. Pour éviter la mort, il lui faut renoncer à la vie "selon la chair", car le chrétien n'est plus "sous l'emprise de la chair" (vv.8-9). Ceci est obligatoire pour tout chrétien. Un comportement "charnel" ne peut que miner l'assurance du salut d'un chrétien "si du moins l'Esprit de Dieu habite en lui".

Paul affirme que si "Christ est en nous, le corps est mort à cause du péché" (v.10). La domination du péché, de la chair, est brisée. Cette réalité doit devenir évidente par la mise à mort "des actions du corps" ; ceci, dans tous les domaines de la vie.

L'ancien dictateur de notre vie a été détrôné et exécuté à la croix. Il appartient au chrétien de démolir progressivement les restes et les influences de son emprise antérieure si néfaste. Christ est le nouveau roi: son règne et sa justice doivent s'étendre peu à peu partout (v.10).

Une action par l'Esprit

Devant l'ampleur de cette tâche, comment ne pas fléchir ? Pourtant, il ne le faut pas, car nous ne sommes pas tout seuls ! Nous avons à agir par l'Esprit. L'Esprit est le "cuivre" qui s'attaque au "mildew" du péché et qui permet aux vignes de porter de beaux raisins. Comment cela ?

Dans nos vies :

- l'Esprit est le don du Christ vivant qui met au bénéfice de sa victoire. La lutte contre le péché s'effectue sous le signe de la victoire de Christ en nous, ce qui nous renvoie constamment à l'acte du salut accompli à la croix;

- l'Esprit est la puissance de Jésus-Christ qui vit avec nous et en nous. L'Esprit de sainteté nous rappelle constamment la résurrection. L'unité avec le Seigneur est réelle, vivante et même physique (nos corps lui appartiennent) ;

- l'Esprit est constamment à l'oeuvre, car notre lutte ne débouche pas toujours sur un succès. Nous ne sommes pas "toujours dans la louange", et nous ne pouvons pas prétendre avoir atteint la perfection. D'ailleurs, nous n'étoufferons pas le péché avant la fin de nos jours, mais l'Esprit qui est à l'oeuvre nous aide à l'étrangler peu à peu. Nous sommes ainsi constamment exhortés à l'espérance, celle de notre libération à venir. Y a-t-il meilleure incitation à la persévérance ?

Une action concrète

Peut-être pensez-vous: tout cela, je le sais, mais je n'y arrive pas ! Prenez courage, frère ou soeur, personne ne peut l'accomplir pleinement, mais cela n'en est pas moins possible.

Voici quelques aides pratiques:

1. Posez-vous honnêtement la question: y a-t-il, dans ma vie, un péché habituel qui se développe comme un cancer parce que je n'ai jamais voulu le déraciner ? La colère, l'autoritarisme, l'orgueil, la jalousie, la sensualité, les mensonges, etc.? Est-ce que j'y succombe fréquemment? Prenez alors, devant Dieu, la résolution de le déraciner et de résister à son attrait...

2. Pour ce faire, évaluez les méfaits de ce péché. Analysez comment il vous meurtrit, comment il affecte votre vigueur et votre joie, comment il vous fait entrer en conflit avec vous-même et avec les autres. Souvenez-vous que la complaisance avec laquelle vous vous y laissez aller est blessante pour votre Seigneur et attriste l'Esprit. Etes-vous, selon l'expression de Martyn Lloyd-Jones*, "spirituellement déprimé" ? Avez-vous besoin d'aide ?

3. Déterminez en quelles situations précisesce péché se manifeste le plus souvent. Evitez-les, si possible. Si cela n'est pas possible, préparez-vous spirituellement à la lutte et efforcez-vous de vous maîtriser. Autrement dit, et concrètement, dès qu'une petite brèche apparaît dans la digue de vos défenses, colmatez-la tout de suite, avant qu'une inondation se produise ! Efforcez-vous de trouver soutien et encouragement auprès d'un proche, de votre conjoint, d'un ami, d'un frère ou d'une soeur.

4. Enfin, soyez bien conscient que ces attitudes, utiles mais tout humaines, sont insuffisantes. Tournez vos regards vers la croix. C'est là que Jésus a vaincu le péché. Contemplez ce qu'il y a fait pour vous et à quel prix ! Soyez reconnaissant. Priez. Confessez vos péchés passés. Demandez au Seigneur de vous donner sa puissance pour les vaincre. Et croyez qu'il le fera !

La promesse

"Vous vivrez ". En profondeur, dès maintenant et pour toujours.

Paul Wells

_________________________

* Son livre, recommandé pour tous, La dépression spirituelle, Europresse.