Prédication de mariage

Pasteur Sylvain TRIQUENEAUX

 

Jn 2 : 1-11 ; Ec 4 : 9-12 & 1 Co 13 : 4-8

Le premier miracle que Jésus a fait, le premier signe public qu’il a donné de sa divinité, ce fut au cours de noces. Qui irait choisir un tel lieu, une telle célébration, une telle fête pour manifester une telle puissance alors que toute l’attention se porte vers les jeunes mariés ? Si Jésus l’a fait c’est qu’il voulait signifier au moins deux choses. D’abord il veut se joindre aux réjouissances des nouveaux époux. Aujourd’hui c’est la même chose pour vous, N. et N., en ce grand jour où vous avez laissé de côté, pour un temps en tous cas, les cours, le capes et la techno, à moins que celle-ci ne réapparaisse sous forme musicale au cours de votre fête. Et quand je dis que Jésus veut se joindre aux nouveaux époux en ce jour de joie pour vos familles et vos amis aussi, je veux dire qu’il veut que la vie de couple et de famille soit une fête parfaite, quelque chose de joyeux, au-delà de tout ce que les dernières statistiques sur le divorce peuvent laisser penser.

La seconde chose c’est que Jésus-Christ considère que l’engagement d’un homme et d’une femme à vivre ensemble doit être public. Et c’est pour cela qu’il s’est rendu à l’invitation des noces de Cana. Avec la fête qui entourait ce mariage tout le village de Cana et les alentours, en Galilée, savaient qu’il y avaient désormais un homme et une femme de plus qui s’étaient engagés à s’aimer et à partager tous les moments de leur vie, les plus difficiles comme les plus plaisants.

Ce que la Bible appelle mariage est en effet un événement social. L’idée d’un mariage purement privé n’est qu’une aberration récente, fruit de l’individualisme qui refuse l’appartenance à la société, qui trouve l’idée qu’on appartient à la société de plus en plus gênante. La fête dont retentissait la vie collective, assurait la publicité de la noce.

La définition du mariage que nous avons rappelée tout à l’heure (Gn 2:24) laisse entendre son caractère public puisque " quitter père et mère " doit précéder l’union charnelle : c’est un fait de nature sociale, une mutation importante des structures de la vie collective. En outre la création, puisque dans ce chapitre de la Genèse c’est d’elle qu’il est question, relève du domaine public, ses structures impliquent la visibilité, même lorsqu’elles concernent la vie personnelle. Et pourquoi ce caractère public ? Tout simplement parce qu’il est toujours plus facile de rompre un engagement pris seulement devant Dieu ou devant l’autre en privé, sans que les hommes en soient témoins. Le mariage n’a pas été abandonné aux désirs privés et subjectifs des individus car Dieu sait combien nous sommes capables de dire samedi soir : " Je te prends pour femme " et dimanche matin : " Au revoir ! " si ce n’est pas : " Adieu ! " L’institution du mariage, loin de brimer l’individu, est là pour le protéger. Aussi le mariage, acte public n’est-il pas aliénant mais favorise-t-il la fidélité dans la durée comme signe authentique d’un amour réel et mûr. Plus on aime, plus on s’engage à donner, et moins on prend. Là où l’on veut prendre sans donner, le mariage est impossible. Par leur passage aujourd’hui devant le maire et par leur présence ici, N. et N. attestent que le mariage est un événement public qui se fête.

Mais retournons à Cana parce que là-bas un drame vient d’arriver : le vin vient à manquer.

J’espère que vous n’aurez pas cette désagréable surprise tout à l’heure durant votre fête. Malgré toute la préparation de ce mariage à Cana, les mariés n’avaient pas tout prévu : peut-être plus d’invités qu’espérés, peut-être aussi plus de pique-assiettes, le conseil de boire avec modération n’avait pas été suivi par tous… enfin toujours est-il que le vin vint à manquer. La fête est compromise, les invités vont sûrement s’en aller, tout est fermé à cette heure tardive : comment faire ?

Comment faire quand dans le mariage, la vie à deux, les choses ne se passent pas comme prévu, comme espérées ? Il peut surgir des situations nouvelles, des réactions que vous n’auriez même pas soupçonnées chez l’autre. Et quand je dis " il peut surgir " je veux dire il surgira des événements non attendus, et avec lesquels pourtant il faudra compter. Un désaccord entre vous sur la façon d’élever votre premier enfant, sur la répartition des taches ménagères, sur la gestion des finances de la famille et j’en passe. Le mariage est compromis, la fête semble tourner court. Comment faire ? " Je ne te croyais pas comme ça. " " Tu peux toujours courir pour que je continue à te faire confiance. " " Après ce que tu m’as fais, comment t’aimer encore ? Comment rester encore avec toi ? " Le vin vint à manquer. Et si l’amour venait à manquer. Comment faire ?

Jésus fut aussi invité aux noces. Oui mais voilà à Cana, il y a un invité pas tout à fait comme les autres. Jésus est là avec ses disciples. Et Marie, sa mère qui l’a vu grandir, qui a remarqué que son fils est différent, Marie qui connaît Dieu, qui s’était soumise à sa volonté lorsque l’ange lui avait annoncé que Dieu l’avait choisie pour porter en son ventre le Sauveur, qui sait que Jésus c’est Dieu venu parmi les hommes, Marie indique au personnel de maison qu’ils peuvent obéir à ce que Jésus leur dira de faire, qu’ils peuvent lui faire toute confiance, qu’ils peuvent et même qu’ils doivent — qu’ont-ils à perdre de toutes façons — avoir foi en sa parole. Et là Jésus donne un ordre simple : remplir des récipients d’eau et y puiser pour en donner aux invités. Et là miracle, l’eau s’est changée en vin, et, qui plus est, en un vin bien meilleur que celui jusque là servi.

Alors pour reprendre ma question laissée en suspend : comment faire ? Les mariés avait invité Marie qui connaissait bien Jésus. Fréquentez ceux qui connaissent déjà le Christ, qui ont parcouru du chemin avec lui. Fréquentez ceux dont il a changé la vie, ceux chez qui quelque chose était venu à manquer et qui avaient vu en lui le seul capable de répondre à leur soif du vrai Dieu, à leur soif de pardon pour leur état de pécheur. Ca c’est le moyen de s’approcher de lui, d’en savoir plus.

Mais le plus important c’est le rencontrer lui, l’inviter et être prêt à faire ce qu’il vous dira (un peu comme vous aimeriez que vos futurs élèves fassent) et là ça n’est pas très difficile : lisez sa parole, la Bible, celle que l’Eglise va vous offrir par exemple. Et alors vous pourrez être un jour comme les serviteurs de notre récit qui ont distribué aux autres le meilleur vin. Vous serez un foyer rayonnant non seulement d’amitié pour vos amis mais aussi d’amour pour les autres, d’un amour, non pas sentimental ou romantique mais portant les caractéristiques de celui décrit dans le texte de 1 Co 13 lu tout à l’heure. Ce texte, vous vous souvenez, dans les entretiens que nous avons eus, je vous avais demander de le lire en mettant votre prénom à la place du mot amour et de dire si ce n’était pas mentir que de le lire ainsi (à l’assemblée : " Je ne vous dirais pas ce qu’ils ont répondu ! "). En fait, ce n’était qu’un artifice car une seule personne peut y mettre son prénom et c’est justement Jésus-Christ. Car c’est lui qui aime ainsi, lui qui a donné sa vie pour sauver des perdus, pour ramener des pécheurs à une vraie amitié avec Dieu.

Jésus fut aussi invité aux noces. Vous étant confiés en lui, vous connaîtrez le vrai pardon et connaissant le vrai pardon vous pourrez pardonnez à votre tour, vous N. à N. et vous N., je devrais déjà dire N., à N.. Peut-être parler de pardon peut vous surprendre, mais imaginer une vie de couple sans frictions c’est rêver et c’est surtout courir tout droit à l’échec, car vous n’aurez pas été préparés à affronter les difficultés et à régler les conflits qui ne manqueront pas de surgir. Et le pardon est, dans ces situations, à la fois la chose la plus difficile à faire et à la fois la plus efficace.

Si vous vous confiez en Jésus-Christ, vous pourrez alors lui demander son Esprit afin de mieux aimer, c’est-à-dire afin d’être plus patient, d’être plus serviable, de plus donner sans vouloir toujours recevoir en retour, de moins chercher votre propre intérêt et plus celui de l’autre.

Jésus fut aussi invité aux noces. En célébrant votre mariage dans un temple, vous avez en quelque sorte souhaité sa présence d’une façon ou d’une autre. Mais ce serait dommage de ne le souhaiter que pour une cérémonie et pas pour la vie entière, afin que jamais le vin ne vienne à manquer. Quand je dis le vin, vous comprenez bien que je veux parler de l’amour, du pardon, de la joie d’être ensemble, de la force pour les mauvais jours, de la consolation pour les temps d’épreuves, de l’appui au moment des décisions importantes… Ce serait dommage parce qu’alors en vous privant de la présence de Jésus-Christ vous vous priveriez du meilleur, comme les mariés de Cana se seraient privés du meilleur vin.

Les récipients utilisés lors du mariage à Cana servaient aux rites de purification. En utilisant ces jarres Jésus signifiait par là que l’ancienne manière de faire n’était plus la bonne. De même en devenant le Seigneur de votre vie, il vous montrera, comme il le fait avec tous ceux qui se sont confiés en lui, ce qui ne va pas dans votre manière de vivre. Mais même vous priver de cela c’est vous priver du meilleur : de la communion aimante avec Dieu, le troisième brin de la corde. Car c’est à lui que fait allusion l’auteur du livre de l’Ecclésiaste dont est tiré le passage lu tout à l’heure. Dieu, le Créateur de l’homme et de la femme et qui sait donc mieux que personne comment les rapports entre les deux doivent s’établir pour que tout fonctionne harmonieusement, lui qui a institué le mariage. Le couple à trois avec Dieu c’est là le lieu du bonheur. C’est, en tous cas, ce que je vous souhaite de connaître.

Jésus fut aussi invité aux noces : qu’il soit l’invité dans votre vie à chacun de vous, dans votre vie de couple et dans votre vie de famille.

Amen !