Pascal
Bernardin, L'empire écologique ou
la subversion de l'écologie par le mondialisme, Notre Dame des Grâces,
1998, 592 pages.
Jean-Marc
Fellay, Résister et Construire N° 45-46
(octobre-novembre 1999, pp. 62s)
Un Nouvel Ordre
Mondial, idée lancée
publiquement parle président Georges Bush, se met en place avec
une rapidité qui semblait encore impossible il y a quelques années.
Après avoir exposé, dans Machiavel Pédagogue (1),
comment le système éducatif, au niveau mondial, est utilisé pour
changer les valeurs, les attitudes et les comportements, Pascal
Bernardin analyse de nombreux textes officiels, ou émanant de milieux
dirigeants, pour démontrer que ce Nouvel Ordre Mondial nous conduit à une dictature «douce», d'où
le christianisme sera banni.
Mais pourquoi ce titre L'Empire écologique pour
cette démonstration ? Parce que le mondialisme s'appuie sur les
problèmes globaux, touchant toutes les nations, et que l'écologie représente
le cas idéal, les différentes pollutions ignorant les frontières.
Pascal Bernardin illustre ainsi la manipulation de la science à des
fins politiques. Deux exemples parmi d'autres : le
«trou» dans la couche d'ozone,
répertorié avant les années 50, dont seraient responsables les
CFC, apparus bien plus tard. L'effet
de serre, réchauffement
de l'atmosphère dû à la consommation de combustibles fossiles,
domaine où les scientifiques ont des avis carrément opposés. En
effet, selon certains modèles, nous devrions assister à un réchauffement
de plusieurs degrés, alors que d'autres évaluations prévoient un
refroidissement du climat dans les années à venir. Cette deuxième
option n'est bien entendu pas prise en compte dans les discussions
politiques sur les mesures à prendre, au niveau mondial, principalement
contre le réchauffement inéluctable de notre climat.
Ces problèmes, réels ou imaginaires, permettent la mise
en place d'un système de contrôle mondial en évacuant l'indépendance
des nations et leur souveraineté, ceci principalement par le biais
des grandes organisations internationales.
Pascal Bernardin montre, à l'aide de la citation d'une
multitude de textes provenant de ces institutions, qu'elles ont été
phagocytées par les milieux mondialistes révolutionnaires et
que le communisme, loin d'être mort avec le mur de Berlin, s'est
simplement adapté à une situation nouvelle.
Il nous montre, documents à l'appui, que la lutte des
deux blocs a été remplacée par la lutte d'un monde en voie
d'unification contre une menace écologique prétendument mortelle pour
la planète tout entière. Pour enrayer un tel danger tous les
sacrifices - dont tout d'abord celui de l'indépendance des nations -
deviennent obligatoires. Cette transformation écologiste
et panthéiste de l'idéologie
communiste (rappelons-le par nature internationaliste et, par
conséquent, non liée à un quelconque ancrage national particulier)
est démontrée de la manière la plus convaincante.
Mais en quoi cette société égalitaire, utopiste,
décrite par l'auteur dans la deuxième partie de son livre,
s'oppose-t-elle à la vision chrétienne du monde ?
Tout d'abord, dans cette perspective l'homme
n'est plus le gestionnaire de la Création mais un élément de la
nature, probablement le plus nuisible. «L'humanité fait partie de
la nature et la vie dépend du fonctionnement ininterrompu des systèmes
naturels qui sont la source d'énergie et de matières nutritives.»
(Page 394 : Charte mondiale
de la nature : ONU).
La conséquence logique en est le contrôle de la
natalité afin de ramener la population mondiale à un niveau «
acceptable » pour l'environnement. Selon Cousteau, la Terre ne peut
supporter qu'à peu près 700 millions d'individus. « C'est terrible à
dire. Il faut que la population mondiale se stabilise et pour cela, il
faudrait éliminer 350 000 hommes par jour ». (Page 553, cité dans le Courrier
de L'Unesco). Il faut
relever que d'autres milieux scientifiques estiment que notre planète
pourrait sans difficulté accueillir 15 milliards d'humains, voire plus
!
Le christianisme, obéissant à l'ordre divin de se
multiplier et de soumettre la création, devient l'ennemi de la nouvelle
société écologiste. Voyons sur pièce. Il faut rejeter absolument
« [ ... ] les convictions religieuses judéo-chrétiennes, selon
lesquelles Dieu aurait créé
l'homme à son image et lui aurait
donné la terre pour qu'il la soumette à sa loi ». (Page 417,
extrait des Actes officiels de la Conférence
sur l'environnement de Stockholm, 1992, ONU).
Ainsi, après le rejet du Dieu créateur, et par voie de
conséquence du Dieu rédempteur, on instaure le culte de la Nature.
Attenter au corps « Terre » devient un péché écologique et l'on
observe des minutes de silence en l'honneur de la Terre. (Conférence de
Rio, ONU). C'est rien d'autre que la divinisation de la nature,
l'instauration d'une religion panthéiste.
Finalement, il s'agit d'« un changement de paradigme
cosmologique qui permettrait aux hommes de s'appréhender comme appartenant
au tissu de la vie et non comme situé au-dessus de lui. Ils
(certains dirigeants religieux) soutiennent qu'un tel changement de
perspective est nécessaire pour réenchanter le monde, les
animaux et les plantes et pour restaurer le sens du sacré de la nature,
perdu pendant la période de l'industrialisation. » (Page 456.)
Dans sa conclusion, l'auteur regrette de ne pas avoir pu
aborder certains points fondamentaux, craignant de lasser la patience du
lecteur. Le reproche que l'on peut adresser à ce livre par ailleurs
passionnant, est effectivement un risque de lassitude dû à la
multiplication des citations. Désireux d'asseoir sa démonstration sur
de nombreux textes officiels, Pascal Bernardin a publié un document
fort volumineux qui risque de rebuter plus d'un lecteur. Ce serait
dommage, car après avoir lu ce livre, on ouvre les yeux sur un monde
nouveau, impressionnant. En effet, tout est imprégné de cette vision
nouvelle du « village mondial » selon l'expression consacrée, du
plus insignifiant feuilleton de télévision aux déclarations les plus
officielles. Et en conséquence des effets de la manipulation décrite
dans son premier ouvrage Machiavel
pédagogue, la plupart
de nos contemporains, non seulement ne s'en rendent plus compte, mais
approuvent la création d'un système de « dictature douce »,
utilisant des méthodes non aversives (non violentes). Un petit
exemple. A la suite des catastrophiques inondations du mois de mai 1999,
le chef du service de l'environnement suisse, interviewé à la TV déclara
qu'il s'agissait d'événements dus très probablement à l'effet de
serre !
(1) Pascal Bernardin, Machiavel pédagogue,
ou le ministère de la réforme psychologique, Notre Dame des Grâces,
1995, 189 p.
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