Symbole des Apôtres III : " en Dieu "

 Pasteur Vincent BRU

05-nov.-2004

Textes : Ex 3.1-15 " Le buisson ardent "
Dt 6.4 " L’Eternel est un "
Ps 14.1 " L’insensé dit en son cœur : il n’y a point de Dieu "
Ps 19 " Les cieux racontent la gloire de Dieu "
Mt 28.18 " Le Dieu trinitaire " (cp. Mt 3.16-17)
Act 17.16-34 " Discours de Paul à l’Aréopage "
Rm 1.18-32 " Dieu se fait connaître "
Jc 2.19 " Tu crois qu’il y a un seul Dieu… "

 

Chers frères et sœurs en Christ, le Symbole des Apôtres nous place, dès le commencement, devant la réalité de Dieu : " Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ".

Après une première affirmation, qui nous introduit au mystère de la foi – " Je crois " ! –, le Credo nous rappelle que le premier article de notre foi, le premier " objet ", si je puis dire, de notre croyance, à nous chrétiens, n’est autre que Dieu lui-même.

" Dieu " ! Que de chose n’ont pas été dites à son sujet !

Que de choses qui, en réalité, n’ont, il faut bien l’avouer, souvent rien à voir, ou que peu de chose à voir avec le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus-Christ que nous adorons, et auquel nous croyons.

Mais quel est le Dieu de la Bible ? Et comment Dieu lui-même se fait-il connaître ?

Et d’abord, comment savons-nous que Dieu existe ? Et pourquoi le vrai Dieu serait-il le Dieu de la Bible ?

C’est à ces questions que je vous propose de répondre ce matin.

 

1. L’existence de Dieu doit être présupposée

Notez tout d’abord que le Symbole des Apôtres ne cherche pas à établir le bien-fondé de notre foi en Dieu, en l’existence de Dieu.

A l’instar du premier verset de la Bible, dans le Livre de la genèse, il nous invite à présupposer, en quelque sorte, l’existence de Dieu, le Père tout puissant, créateur des cieux et de la terre.

Le premier verset de la Bible affirme : " Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ".

Le premier verset de la Bible ne s’évertue nullement à prouver, à démontrer par un raisonnement logique et rigoureux l’existence de Dieu.

Le premier verset de la Bible se contente de dire que Dieu, dont l’existence est présupposée, a créé les cieux et la terre.

Pourquoi cela ?

Et bien tout simplement parce que, dans la perspective biblique, l’existence de Dieu est de l’ordre de l’évidence, c’est un axiome, c’est-à-dire une réalité sans laquelle nous ne saurions expliquer tout le reste.

Il est nécessaire de poser l’existence de Dieu pour que la réalité est un sens et soit intelligible pour nous.

Le monde est une énigme sans Dieu.

Le monde, la complexité de l’univers, et toutes les créatures ne trouvent aucune explication raisonnable en dehors de Dieu.

Voilà pourquoi, aussi, la Bible dit : " L’insensé dit en son cœur : il n’y a point de Dieu " !

Nier l’existence de Dieu, c’est faire preuve de folie, vraiment, car tout, autour de nous et en nous nous, crie qu’il existe, que Dieu est, et que rien n’existe en dehors de Dieu, de sorte que sans Dieu, il nous est impossible vraiment de connaître la signification des choses et de la vie.

On a beau tourner la question de tous les côtés, toujours l’évidence de Dieu se fait sentir.

La vérité, c’est qu’il est nécessaire de présupposer l’existence de Dieu, d’un Dieu unique, créateur et cause première de toutes choses, si l’on veut prétendre à une quelconque connaissance du monde qui nous entoure, comme aussi de nous-mêmes.

A ce propos Calvin affirme avec justesse, au tout début de son œuvre maîtresse, l’Institution de la Religion Chrétienne : " Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle à tout compter mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c’est qu’en connaissant Dieu chacun de nous aussi se connaisse. "

Voyez-vous, l’homme est incompréhensible à l’homme, sans Dieu.

Sans Dieu, le monde est un non sens, et tout n’est que vanité.

Certains philosophes, tel Jean-Paul Sartre, l’ont très bien compris : leur rejet de Dieu les a conduit au nihilisme le plus radical ; c’est la philosophie de l’absurde, où la vie et les valeurs sont tournées en dérision, car étant sans significations profondes.

 

2. L’homme a besoin de Dieu 

Il me semble que les maux dont souffrent nos sociétés en Occident proviennent précisément du rejet de Dieu, de la perte de la foi au Dieu de la Bible, au Dieu Créateur et Sauveur dont nous parle l’Ecriture Sainte.

Nos sociétés sécularisées souffrent de l’absence de Dieu, et laisse chacun face à la solitude et à l’ennui, au silence du sens.

Car l’homme a été fait pour Dieu, le cœur de l’homme a été fait pour Dieu, de sorte que celui-ci est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Dieu, jusqu’à ce qu’il trouve son point d’appui en Dieu, pour lequel il a été créé.

C’est ainsi qu’à la question : Quel est le but principal de la vie de l’homme ? le Catéchisme de Calvin répons : c’est de connaître Dieu, car il nous a créé.

Le but principal de la vie de l’homme, de tout homme, de vous et de moi, c’est de connaître Dieu.

Jean 17.3 : " Or la vie éternelle c’est qu’il te connaisse, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ " !

Rien ne saurait être plus urgent pour l’homme, et plus essentiel aussi, que de se mettre d’accord avec Dieu, de se réconcilier avec Dieu, de trouver en Dieu son unique consolation, son unique assurance dans la vie comme dans la mort.

Il y a quelques années de cela, un homme, membre de l’Académie Française, a fait cette expérience de la rencontre avec Dieu, tandis qu’il se trouvait dans une Eglise.

D’un seul coup Dieu l’a saisi, et notre homme de passer, comme par miracle, de l’athéisme le plus endurci et le plus obscur à la lumière éblouissante de la foi.

Cet homme, André Frossart, a fait part de son expérience dans un livre devenu célèbre : " Dieu existe, je l’ai rencontré ", paru il y a quelques années.

" Dieu existe, je l’ai rencontré " !

Chers amis, avez-vous rencontré Dieu ?

Interrogez-vous très sérieusement : vous êtes-vous jamais vraiment, un jour, laissé interpeller et remettre en question par le Dieu d’éternité, le Dieu qui a créé le ciel et la terre, le Dieu juge de tous les hommes, le Dieu sauveur, le Dieu souverain, le Dieu de Jésus-Christ, dont nous parle l’Ecriture Sainte ?

Ne vous êtes-vous jamais laissé surprendre par la grandeur de Dieu qui éclate dans toute la création, et qui nous invite à l’adoration.

Mais ne me dites pas : Moi, je n’ai jamais vu Dieu, comment donc pourrais-je croire en lui ?

 

3. Dieu se révèle

C’est oublier que  Dieu, selon la Bible, n’a jamais de cesse de se révéler, de se faire connaître.

Comme nous l’avons lu dans l’Epître de Paul aux Romains :

18 La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive,

19 car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître.

20 En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables,

21 car ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres.

Et encore, au psaume 19 le psalmiste s’écrit : " Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains ".

De même, l’apôtre Paul, dans son discours à l’Aréopage, devant des philosophes stoïciens et épicuriens de son temps, affirme :

24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme;

25 il n'est point servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses.

26 Il a fait que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure;

27 il a voulu qu'ils cherchent le Seigneur, et qu'ils s'efforcent de le trouver en tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous,

28 car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être.

" Il n’est pas loin de chacun de nous " !

Dieu n’est pas loin de nous ! Dieu n’est pas loin des hommes !

La vérité, c’est que c’est nous qui sommes aveugles aux multiples manifestations de Dieu dans la nature et dans l’histoire.

La révélation de Dieu, tant dans la création que dans la Bible, est claire.

Seulement voilà, le cœur de l’homme est corrompu, de sorte qu’il refuse de se soumettre à l’évidence, l’évidence de Dieu et de l’Evangile, l’évidence de la foi.

La Bible dit que " Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité " (Ecclésiaste)

La pensée de Dieu est inscrite dans le cœur de l’homme !

Il y a, dans le cœur de l’homme, une semence de religion, un sens de la divinité indéracinable, de sorte que rien au monde ne saurait nous ôter la pensée de Dieu, la conscience de Dieu, comme dans le vers de Victor HUGO : " L’œil était dans la tombe et regardait Caïn " !

Nul ne saurait jamais se soustraire à l’œil de Dieu, à la conscience de Dieu comme Créateur et comme Juge.

Dans chacun de nos actes, dans chacune de nos pensées, nous le savons bien, Dieu est là, l’œil de Dieu, le jugement de Dieu dont seul Jésus-Christ, le Sauveur, peut nous affranchir.

Le regard de Dieu, son jugement, ne nous est rendu favorable que par Jésus-Christ, qui nous révèle Dieu comme Père et comme Sauveur.

 

4. Quel Dieu ? Le Dieu trinitaire, Père, Fils et Saint-Esprit !

C’est là le Dieu auquel nous croyons, et auquel le Credo nous invite de croire.

Car il ne s’agit pas de croire en n’importe quel Dieu.

Croire que Dieu existe ne suffit pas ; encore faut-il s’entendre sur le Dieu auquel nous croyons.

D’ailleurs, l’apôtre Jacques le dit bien :

19 Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent.

Mais alors, quel est donc le Dieu de la Bible, qui seul mérite notre confiance et notre adoration ?

Disons tout d’abord ce que Dieu n’est pas.

Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas le Dieu des déistes, le Dieu silencieux et lointain des philosophes, le grand horloger qui après avoir remonté la pendule du monde s’en est allé, laissant aux hommes le soin de vivre leur vie.

Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas non plus le Dieu des panthéistes, comme dans les religions de l’Inde où il n’est plus guère possible de distinguer Dieu des créatures.

Selon cette philosophie, tout est en Dieu et réciproquement ; Dieu n’est en rien distinct du monde ; Dieu et le monde ne sont qu’une seule et même réalité.

Ce n’est pas ainsi que Dieu se fait connaître dans sa révélation, dans la Bible.

Exode, chapitre 3, verset 14 :

14 Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. Et il ajouta: C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle 'Je suis' m'a envoyé vers vous.

15 Dieu dit encore à Moïse: Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël: L'Eternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, m'envoie vers vous. Voilà mon nom pour l'éternité, voilà mon nom de génération en génération.

Ainsi est le Dieu de la Bible : c’est le Dieu de l’Alliance, le Dieu qui se révèle dans l’histoire comme étant " Je suis " ; le Dieu fidèle à son alliance conclue avec Abraham, Isaac et Jacob, le Dieu de l’histoire, le Dieu créateur et sauveur en qui, par qui et pour qui nous sommes.

C’est le Dieu souverain, qui tient toutes choses dans sa main, et devant qui nous comparaîtrons tous un jour, étant responsables devant lui.

Ce n’est pas le Dieu solitaire de l’Islam qui n’exige que notre soumission, et qui est loin de nous.

C’est le Dieu personnel, le Dieu Père, Fils et Saint Esprit, le Dieu trinitaire, qui nous convie à sa communion, à son intimité, et qui agit dans notre monde, par sa Providence, en vue de réaliser son dessein de salut.

C’est ainsi que le Catéchisme de Westminster, l’un des joyaux de la Réforme, donne de Dieu la définition suivante : " Dieu est esprit, infini, éternel et immuable dans son être. Il est sagesse, puissance, sainteté, justice, bonté et vérité " – Catéchisme de Westminster, Question 4.

La Confession de La Rochelle est plus explicite encore : " Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu, qui est une seule et simple essence, spirituelle, éternelle, invisible, immuable, infinie, incompréhensible, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, et toute miséricordieuse " – Confession de La Rochelle, Article 1.

Voilà le Dieu de la Bible, le Dieu qui défit toutes les idoles de ce monde, et que se forgent les hommes dans leur imagination et dans leur folie.

C’est ce Dieu là qui est l’objet de notre foi, et qui nous invite à une vraie liberté, dans un véritable face à face avec celui-ci, Lui, notre ultime vis-à-vis, et le Souverain Bien.

Dieu, notre ultime vis-à-vis, Celui devant qui nous sommes : coram Deo, l’homme devant Dieu, comme aimait à le dire Luther.

L’homme en face de Dieu, le souverain Bien, en qui et par qui sont toutes choses, et vers qui nous allons.

Tel est, frères et sœurs, le vrai Dieu, objet de notre foi, le Dieu que nous voulons adorer et servir, et confesser devant les hommes, comme nous y invite le Symbole des Apôtres : " Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. "

Amen !