Pasteur Vincent BRU
- La nature du châtiment éternel
- Le nombre des élus
- La portée eschatologique du salut (présent/à venir)
But : Le but de cet exposé est de montrer larticulation entre la portée universelle (Alliance de création, grâce commune) et la portée particulière du salut (alliance de rédemption, de grâce, grâce spéciale, élection, prédestination, foi).
Introduction
La question de la portée de la rédemption a toujours suscité chez les théologiens, comme parmi les simples fidèles, un intérêt non négligeable, sans que pour autant lon puisse trouver un terrain dentente entre les différentes réponses apportées à celle-ci.
Pour les uns, la portée de loeuvre accomplie par Jésus-Christ à la Croix ne saurait connaître la moindre limite, celle-ci devant inclure de façon indifférenciée, tous les hommes (y compris le Diable et les démons selon Origène) : on parlera alors d"universalisme" (le salut embrasse tout lunivers, et toutes les créatures).
À lextrême opposée, la portée du salut doit forcément être limitée, soit, pour les tenants de larminianisme (ou semi-pélagianisme1), du fait de la libre décision de lhomme - celui-ci nétant pas contraint daccepter pour son compte le salut offert par Dieu, il peut sopposer à la grâce, et donc sen trouver exclu -, soit par le "bon plaisir" de Dieu, selon les tenants de l"hyper-calvinisme"2 : Dieu choisit, parmi le genre humain, un nombre limité dhommes, les élus, seul ces derniers étant, à proprement parler, mis au bénéfice du salut, tandis que lhumanité et la création dans leur ensemble sont lobjet de sa réprobation.
Cela étant dit, il ne nous semble pas que ces deux approches rendent suffisamment compte de lensemble des données de la révélation biblique, qui pose tout à la fois le principe dune réconciliation universelle - la victoire du Christ est totale et concerne tous les aspects de la Création - (cf. Col. 1:20 ; Eph. 1:10 ; etc.), et dune rédemption, dun salut particulier - Christ est mort, en un certain sens, seulement pour les élus, quil sauve efficacement, conformément à la volonté du Père (cf. Jn 3:16 ; 10:15, 27 ; Es. 53:10 ; etc.). Comme la dit un théologien récent : "En un sens Christ est mort pour tous les hommes, en un autre sens, il est mort seulement pour les élus"3.
La théologie réformée, qui est une théologie de lAlliance, rend, selon nous, le mieux compte de ces deux aspects de loeuvre de la rédemption, en les maintenant tous deux dans un rapport de complémentarité et de réciprocité.
A. Lécueil de luniversalisme
Luniversalisme, de loin le plus répandu de nos jours parmi les théologiens modernes4, pose un sérieux problème par rapport aux affirmations de lEcriture quant à la nécessité de la foi comme cause instrumentale du salut, et donc aussi par rapport à ce quil convient dappeler "la moralité" du salut, dans le sens de "responsabilité" - la part de lhomme dans lacquisition du salut. Comme laffirme Michel Johner : "Le triomphe de la grâce [selon lapproche universaliste] perd en profondeur ce quil gagne en largeur : la "moralité" du salut est sacrifiée à son universalité."5
Dans la perspective biblique, la foi, sans être la cause méritoire du salut - la foi nest pas une oeuvre ! -, nen demeure pas moins la cause instrumentale de celui-ci, et en ce sens elle peut être dite la condition du salut : "Sans la foi, il est impossible dêtre agréable à Dieu"6.
Sil en est ainsi, lhumanité se partage bel et bien en deux catégories : lhumanité croyante dune part, objet de lélection libre et inconditionnelle de Dieu, et lhumanité non-croyante dautre part, objet de sa réprobation.
Contre lapproche universaliste, on peut faire valoir de même le fait que celle-ci encourage une conception fortement subjective, anthropocentrique et rationnelle - rationaliste ! - de lamour de Dieu, qui, dans cette perspective, sinscrit en porte-à-faux avec sa justice. Dans la perspective biblique, lamour et la justice de Dieu constituent deux aspects dune même réalité. La justice de Dieu sexerce avec amour, et lamour de Dieu sexerce avec justice, et ce, jusque dans le châtiment éternel des réprouvés - justice rétributive de Dieu. Qui plus est, luniversalisme se heurte de plein fouet avec les affirmations de lEcriture concernant lenfer qui, dans la mentalité des écrivains bibliques, nest pas fictif mais réel, et constitue le lot eschatologique de tous ceux qui, dans leur situation probatoire présente, auront persévéré dans leur incrédulité. Quant aux textes à portée universaliste (Col. 1:20 ; Eph. 1:10 ; etc.), qui font état de la réconciliation de toutes choses en Christ, il suffit de dire, avec Henri BLOCHER, que réconciliation universelle ne signifie pas forcement salut universel, mais bien plutôt " le retour à lharmonie voulu par Dieu. Ce retour implique pour les châtiés ladhésion sans réserve à la décision du Seigneur. " Henri BLOCHER, " Le nombre des sauvés ", Ichtus, N° 32 (1980), p.8. Voir de même la note de la Bible de Jérusalem sur Col. 1 :20 : la réconciliation universelle " ne signifie pas le salut individuel de tous, mais bien le salut collectif du monde par son retour à lordre et à la paix dans la soumission parfaite à Dieu. Les individus qui ne seront pas entrés par la grâce dans cet ordre y entreront par la force. " - Ibid., p. 8, note 16.
B. Lécueil du particularisme
Le particularisme, quil soit de tendance arminienne ou "hyper-calviniste", ne nous paraît pas rendre suffisamment compte des textes de lEcriture qui font état dune portée universelle du salut7, et non pas seulement individuelle, comme si seul un petit nombre dhommes devait, en définitive, être sauvés : image dun bateau qui est sur le point de couler et dont seule une partie de léquipage serait sauvée, tandis que le navire, et le reste de léquipage, sombreraient dans les flots, sans que lon puisse faire quoi que ce soit pour eux.8
Larminianisme pose, en particulier, un sérieux problème par rapport à lefficacité et à la gratuité du salut, dans la mesure ou, selon cette perspective, la foi constitue la cause méritoire du salut. Or, comme le fait fort justement remarquer Henri BLOCHER : "La foi ... nest quun instrument (sauvé dia la foi) : elle najoute pas la réalité à la possibilité - Jésus-Christ est lauteur du salut, pas de la possibilité du salut - ; elle applique la réalité du Christ à lhomme "en lui"."9 Et encore : "Dans la perspective biblique, limage du chèque inefficace tant que le bénéficiaire na pas signé ne correspond pas : car le sang précieux de la rançon a déjà été versé."10
Larminianisme enlève en fait à la valeur du sacrifice du Christ ce quil pense lui donner en étendue, puisque tous les hommes ne seront pas sauvés à la fin.
Le particularisme de lapproche " hyper-calviniste ", qui limite la portée de la rédemption au caractère défini (limité !) de lexpiation - Christ est mort seulement pour les élus -, ne rend de même pas justice aux textes bibliques à portée universaliste, qui vont manifestement au-delà de la simple distinction catégorique " tous " dans le sens qualitatif. Comme le remarque Henri BLOCHER : " Ceux qui repoussent lexpiation définie le font souvent par malentendu, et parce quils nen connaissent quune caricature Il est possible de faire droit aux textes duniversalité, au thème de la paix, en considérant lhumanité sous son aspect dunité organique même si la plupart des calvinistes ont malheureusement négligé de le faire, et ont inutilement appauvri leur doctrine. " - " Le champ de la rédemption et la théologie moderne ", p. 44.
Au total donc on peut dire que lapproche universaliste tout comme lapproche particulariste stricte, conduisent toutes deux à une impasse : dans le premier cas la portée particulière du salut est subordonnée à tel point à son universalité quelle en est pratiquement réduite à néant ; dans le second cas, laspect défini et particulier du salut, conditionné soit par la volonté de Dieu, soit par la réponse libre de lhomme, est à tel point mis en relief quil occulte considérablement son caractère universel ainsi que, dans le cas de larminianisme, son absolue gratuité.
II. Luniversalité et la particularité de la rédemption
Seule une approche qui tient compte à la fois de la portée universelle et particulière du salut rend justice à lensemble des données de la révélation concernant la portée de la rédemption : les textes universalistes dune part ("tous", "monde", etc.), les textes à portée particulariste dautre part ("son Eglise", "beaucoup", "pour nous", nombreux", etc.).
A. La portée particulière de la rédemption
La théologie réformée distingue dans lAlliance entre Dieu et les hommes, lalliance dite de création - ou alliance adamique, conclue avec Adam et, à travers lui, avec lhumanité tout entière -, et lalliance de rédemption - conclue entre le Père et le Fils -, selon laquelle Dieu sauve efficacement tous ceux quil a décrétés de donner à son Fils en héritage, cest-à-dire tous ceux pour lesquels Christ est mort et dont il a été établi Garant dans lAlliance (cf. Es. 53, etc.).
Si lalliance de création a été conclue avec tout le genre humain - et à ce titre, elle est universelle, et est dispensatrice dune grâce commune entre tous les hommes, comme lorsquil est dit que "Dieu fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants"11 -, lalliance de grâce - expression historique de lalliance de rédemption - na quant à elle été conclu quavec les élus, et ce, en vertu de la pure grâce de Dieu et de son bon plaisir, et sans aucune considération de leurs oeuvres. Cest le mystère de lélection et de la prédestination, quil nous faut recevoir par la foi12.
Ainsi, la théologie réformée souligne, en contraste avec lapproche universaliste et lapproche " semi-pélagienne ", la portée particulière de la rédemption en mettant en valeur le fait quil y a un amour spécifique de Dieu pour les élus, distinct de lamour quIl porte pour la Création en général. Cet amour spécifique de Dieu est révélé dans lalliance de rédemption que Dieu le Père a conclue de toute éternité avec son Fils, et par laquelle Dieu sauve efficacement tous ceux quIl a décrété de donner à son Fils en héritage - cest là le sens de lexpiation définie : Christ est mort, en un certain sens, pour les élus seulement. Ainsi, lamour paternel de Dieu pour ses enfants est spécifique et sotériologique : cest un amour électif qui sexprime par le pardon accordé aux seuls élus, et par rapport à la culpabilité du péché. Dieu aime ceux quIl a uni à son Fils - le " en Christ " - de façon filiale.
B. La portée universelle de la rédemption
Si la portée de la mort substitutive du Christ par rapport aux salut des pécheurs est bien particulière et définie, dans le sens où luvre de la Croix, selon lintention secrète de Dieu , ne bénéficie en définitive quaux seuls élus, il nen demeure pas moins vrai que celle-ci a aussi, dune certaine manière, une portée sur lensemble de la Création : "Dans un sens Christ est mort pour tous, et dans un autre sens, il est mort pour les seuls élus."13 Pour la théologie réformée, il nest pas de parcelle de la création et de la civilisation qui ne soit directement mise au bénéfice de la rédemption14.
Luniversalité du salut considéré dans le cadre de lunité organique et substantielle entre lalliance de grâce et lalliance adamique
Luniversalité du salut sexplique du fait de la relation qui existe entre lalliance adamique - alliance de création - et lalliance de grâce. La portée universelle de lalliance de rédemption tient à lunité organique et substantielle de celle-ci avec lalliance originelle : "Cest par lunité organique de la création et de la rédemption, de lalliance adamique et de lalliance de grâce que sexplique luniversalité du salut, et en quel sens toute lhumanité et la création sont sauvées en Jésus-Christ."15
Ce qui est visé à la Croix, cest la restauration et laccomplissement de lalliance originelle, le rétablissement du monde et de lhumanité sous son aspect organique, et non pas seulement le salut individuel de tel ou tel : en Christ, et à travers les élus, cest lhumanité tout entière que Dieu sauve, en restaurant et en parachevant lalliance adamique. Pour reprendre limage affectionnée par Abraham Kuyper : "Si nous comparons lhumanité, comme elle est procédée dAdam, à un arbre, les élus ne sont pas des feuilles arrachées de larbre pour composer une guirlande à la gloire de Dieu tandis que larbre serait abattu, déraciné, jeté au feu ; mais justement le contraire, les perdus sont les branches, rameaux et feuilles détachés du tronc de lhumanité, tandis que les élus seuls y subsistent."16
Ainsi donc, en Jésus-Christ, cest lensemble du dessein de Dieu pour la création qui se réalise, sinon quantitativement, puisque seuls les croyants sont sauvés, du moins exhaustivement, puisque luvre du Christ en épuise toutes les virtualités.
Le sacrifice du Christ, lamour de Dieu et les bienfaits généraux de la Croix
La portée universelle de la rédemption se manifeste à travers les bienfaits généraux de la Croix - grâce commune - : Dieu retient son jugement sur les pécheurs impénitents, et préserve lhumanité en restreignant les effets intensifs du péché et en permettant le développement de la culture et de la civilisation - mandat culturel, domaines de lutile et de lagréable, etc.
Cest ainsi quen 1 Tim. 4:10, Dieu est appelé le "sauveur (sôter) de tous les hommes, spécialement des fidèles", dans le sens dune "préservation" non sotériologique. Comme le dit Henri Blocher : "Dieu est le sauveur de tous les hommes parce quil leur accorde à tous cette vie et ses biens (cf. Actes 14:17), et sauveur des croyants à titre principal (malista) par le don de la vie éternelle."17
Il y a donc, enracinées à la Croix, différentes manifestations de lamour de Dieu envers tous les hommes, en vertu de quoi Dieu aime particulièrement les élus, à cause de son alliance, et de son élection.18
a) La question du châtiment éternel
Dans la perspective biblique, la finalité de loeuvre du Christ ne se réduit pas à faire triompher universellement la grâce pour sauver tous les hommes (universalisme), mais aussi à juger et à condamner les incrédules. Le Royaume eschatologique du Christ comprend deux positions possibles : celle de ses ennemis qui servent de "marchepied" à son trône (Héb. 10:13 ; Col. 2:15), et celle de lEglise, son corps, qui siège sur le trône avec le Christ, et participe à son gouvernement (Ap. 2:26-27).
Cependant, et comme le fait remarquer Henri BLOCHER : "Jamais la Bible ne suggère lidée dune défaite divine, même partielle, que le péché continue, que le mal se perpétue dans la géhenne. Au contraire, le mal, jugé, nexistera plus ... Les impies condamneront eux-mêmes, avec Dieu, leur impiété et ne désireront rien dautre que le châtiment - seul moyen de les mettre daccord avec la justice de Dieu, selon le voeu qui remplira leur conscience."19 Et encore : "Ne devons-nous pas dire que le condamné, remis daccord avec lordre de Dieu, atteindra dune certaine manière sa destination essentielle ? Cest là un bien [même si, comparativement à la béatitude que connaîtrons les élus, cest aussi un "mal", disons un bien moindre ! (Ndlr] : pour Dieu et pour lhomme, beaucoup mieux que le néant [contre la théorie annihilationiste ! (Ndlr)]."20
Dans cette perspective, il ne nous semble pas illégitime de penser que la peine du châtiment éternel pourrait consister, en contraste avec la notion médiévale de châtiment corporel, dans le remords éprouvé par les réprouvés : "Lacuité suprême du remords, jugement lucide, horrifié de ce quon a été, nest-ce pas ce que pourraient viser les images bibliques du feu cuisant et du ver rongeur ?"21 Et encore : "Les pleurs et les grincements de dents ne sont ni de révolte ni de rancune ; ils sont de remords."22
b) Le nombre des élus
Si, dans la perspective biblique, cest lhumanité en tant quunité organique qui est au bénéfice de la rédemption, est-il raisonnable de croire que seul un petit nombre dhommes sera, en définitive, lobjet de lélection de Dieu ? La doctrine de lexpiation définie va-t-elle nécessairement de paire avec une position pessimiste quant au nombre des sauvés ? Nous ne le pensons pas. Comme le dit Henri Blocher : " Si le témoignage de lEcriture contraint décarter luniversalisme, il noblige pas à retenir le "minimalisme" de certain !"23
À lappui de la " théorie du grand nombre " les théologiens réformés ont fait valoir le fait quon est en droit de penser que la plupart, sinon tous les enfants morts en bas âge seront sauvés, ceux-ci nayant pas pu exercer leur responsabilité. La question reste ouverte de même quant au salut des païens qui nauront, durant leur vie, jamais eu accès à la prédication de lEvangile : " Les docteurs évangéliques émettent des avis divers, et nuancés, sur une question comme celle des hommes dépourvus de tout accès à lEvangile explicitement, prêché ou écrit. Nous pensons quil y a, dans la révélation générale de Dieu, sa création et sa providence (cf. Matth. 5 : 45), assez de lumière pour que des hommes, sous lonction de lEsprit Saint comme en toute conversion, mettent leur foi en Jésus-Christ pour leur salut, sans en savoir plus que les humbles croyants de lAncien Testament. "24
Quoi quil en soit du nombre des élus, recevons, avec humilité, les secrets qui nous sont cachés, et contentons-nous de dire : " Ils est permis despérer ; il est plus sage de ne pas spéculer ni tenter de scruter les secrets de lélection divine. Efforçons-nous dentrer efforçons-nous de gagner le plus grand nombre den sauver de toute manière quelques-uns (1 Cor. 9 : 22) ! "25
c) La portée eschatologique du salut (présent/à venir)
La question de luniversalité et de la particularité du salut, dont la pleine réalisation est à venir - cest le " déjà-pas encore " du Royaume de Dieu -, pose aussi celle de sa portée eschatologique : si luvre de la croix vise la restauration de la création et de lhumanité considérée sous son aspect organique, quadviendra-t-il de celle-ci lors de la parousie ? En dautres termes, quel sera le devenir de la création, et que restera-t-il des choses présentes de ce monde, de la culture et de la civilisation, dans la nouvelle création de Dieu ?
Avec la sobriété quil importe davoir en pareil domaine, et selon léclairage que donne lEcriture à ce sujet, nous nous associons ici au jugement du théologien américain Richard Mouw, selon lequel dans la nouvelle création " Dieu agira à notre égard à partir de sa création originelle : nous-mêmes nous serons changés. Le Seigneur nous recréera. Quelque chose de notre identité actuelle demeurera à jamais. " Et encore : " Ce qui est vrai du destin des individus semble sappliquer à toute la création, y compris à ses dimensions culturelles. Luvre de Dieu sappuiera sur ce quil a créé et sur toute la " plénitude " que les hommes auront ajoutée à ce quil a fait au commencement. Les fruits de lhistoire, même pécheresse, pénétrerons dans la Cité Sainte pour y devenir des outils appropriés au service de Dieu et de son peuple. " 26
Ainsi donc, loin dêtre à la traîne de la civilisation et de la culture, lEglise est-elle appelée par Dieu à être à la pointe de la découverte et de la gestion de toutes les potentialités de la création, attendant et travaillant ainsi à lavènement du monde nouveau, de la Jérusalem céleste, " la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui sest parée pour son époux. " (Ap. 21 : 2), en ce jour glorieux où tout genou fléchira " dans les cieux, sur la terre et sous la terre ", et où toute langue confessera que " Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. " (Phil. 2 : 10-11).
_______________________
1 Jacob Arminius (1560-1609), pasteur et théologien néerlandais, enseigna que Dieu a "élu" ceux-là quil savait à lavance devoir croire deux-mêmes par un libre choix humain. LArminianisme a été rejeté lors dun Synode Réformé international réuni à Dordrecht en 1618-1619, auquel les délégués français ne purent assister, mais qui fut néanmoins ratifié lors dun Synode tenu à Alès le 6 octobre 1620. Voir : Les Canons de Dordrecht, Ed. Kerygma, 1988. Pélage, moine irlandais combattu par S. Augustin, et dont les doctrines furent condamnées au Concile dEphèse en 431, rejetait la doctrine du péché originel et celle de la prédestination. Le semi-pélagianisme, ancêtre éloigné de larminianisme, représente un compromis entre la position de S. Augustin, reprise par les Réformateurs, et celle de Pélage.
2 Est-il nécessaire de le dire : les théologiens de cette tendance ne portent quimproprement le titre de " calvinistes ", la particularité de ces derniers étant dopérer une symétrie stricte entre la prédestination au salut et la réprobation, ce que Calvin na jamais fait. CF. Henri BLOCHER, " Calvin infralapsaire ", La Revue Réformée, N° 123 (1980/3), pp. 270ss.
3 Charles HODGES, Systematic Theology, Eerdmans, 1982, vol. II, p. 546 ; voir de même Henri BLOCHER, "Le champ de la rédemption et la théologie moderne", Hokma, N° 43 (1990), p. 45.
4 Langlican J.A.T. Robinson, Jacques Ellul, et dans une moindre mesure Karl Barth, pour ne mentionner que des théologiens protestants.
5 Michel JOHNER, "Luniversalité et la particularité du salut chrétien", La Revue Réformée, N° 56 (1988/4), p. 32 - cest nous qui soulignons.
6 Héb. 11:6.
7 Pour les théologiens de tendance particulariste, luniversalité du salut se réduit seulement au fait que celui-ci est offert à tous, indistinctement, et sans discrimination, ainsi quà lintention réelle de Dieu de sauver tous les hommes, quand bien même son intention serait court-circuitée par la décision humaine de sexclure de la grâce (arminianisme), ou bien, pour les tenants de l"hyper-calvinisme", au fait que le salut englobe des hommes de toutes nations et de toutes conditions (juifs et païens).
8 Cette vision est très marquée dans des livres tel que Satan, prince de la planète terre, de H. Lindsey (?). Pierre COURTHIAL, faisant allusion à ce livre, aurait dit un jour à ses étudiants : "Satan, Prince de la planète terre ? Mais cest le Christ !" (propos recueillis par Michel JOHNER).
9 Henri BLOCHER, La doctrine du péché et de la rédemption, 1983, Tome II, p. 201.
10 Henri BLOCHER, " Le champ de la rédemption et la théologie moderne ", p. 43.
11 Matth. 5:45.
12 "De cette corruption et de cette condamnation générales où tous les hommes sont plongés, nous croyons que Dieu retire ceux que, dans sa volonté éternelle et immuable, Il a élus par sa seule bonté et miséricorde en notre Seigneur Jésus-Christ (Ex. 33:19 ; Rom. 8:29 ; 9:15), et cela sans considération de leurs oeuvres (1 Sam. 12:22 ; Jn 15:16 ; Rom. 2:11, 23 ; 11:5-6 ; Eph. 1:4-6 ; 2:8-10 ; etc.). Nous croyons quIl laisse les autres dans cette même corruption et condamnation, pour démontrer en eux sa justice (Ps. 5:5-7 ; Ez. 9:10 ; 18:4 ; Rom. 1:18 ; Gal. 6:7-8), tout comme il fait briller, dans les premiers, les richesses de sa miséricorde (Ex. 9:16 ; Rom. 9:18, 22-23). Car ceux-ci ne sont pas meilleurs que les autres, jusquà ce que Dieu les distingue selon le dessein immuable quIl a arrêté en Jésus-Christ avant la création du monde ..." Confession de Foi de la Rochelle, art. 12 ("Notre élection en Jésus-Christ"), p. 32.
13 Charles HODGE, op. cit., p. 546 ; voir de même Henri BLOCHER, op. cit., p. 45. Comme le dit Paul WELLS : " Les calvinistes ne nient pas que le Christ soit mort pour tous les hommes. En effet, une alliance de grâce est établie en Christ avec toute lhumanité Seulement, lefficacité de la Croix nest pas la même pour les non-croyants et pour les croyants ; elle ne suscite pas les mêmes fruits chez tous. La portée universelle de luvre de la Croix nimplique pas que Dieu ait la volonté de sauver tous les hommes. Christ nest pas mort pour tous de la même façon : la différence tient à la foi qui est un don de Dieu. " - " Lélection et luniversalisme ", in Polycopié, pp. 170s.
14 Cest là le sens de lexpression fameuse du théologien néerlandais Abraham KUYPER, qui disait : "Il nest pas de domaine de la vie des hommes dont le Christ ne puisse dire : cest à moi."
15 Michel Johner, "Luniversalité et la particularité du salut chrétien", La Revue Réformée, N° 56 (1988/4), p. 36.
16 Henri BLOCHER, op. cit., p. 44 ; voir de même B. WARFIELD, " Are They Few That Be Saved ? ", Biblical and Theological Studies, P&R, 1968, p. 336. Voir de même Michel Johner, op. cit., p. 34 : "Loeuvre de Dieu en Christ ... ne consiste pas à bâtir un nouvel édifice à côté des ruines de lancien, mais à restaurer et à parfaire lédifice en ruine." Et encore : "Dans lEglise, cest le monde lui-même qui est sauvé (...), et non quelques hommes issus du monde (...) ; ce nest pas un agrégat accidentel ou arbitraire qui est lobjet de lélection divine, ou qui est sauvé par le Christ dans la rédemption, mais cest un tout organique" Herman BAVINCK, cité par Michel JONHER, op. cit., p. 34s.
17 Henri BLOCHER, "Le nombre des sauvés", Ichtus, N° 92 (1980), p. 22.
18 Lamour de Dieu fait des distinctions entre les hommes. Cest ainsi que la bienveillance de Dieu se manifeste envers tous les hommes, celle-ci étant enracinée dans son équité (cf. Matth. 5 : 45 ; Act. 17 : 28 ; etc.) ; sa compassion pour lhumanité souffrante, en vertu de sa pitié et de sa miséricorde (Rom. 2 : 4 ; 2 Pie. 3 : 9 ; etc.) ; sa grâce envers les élus, qui est enracinée dans son pardon (Eph. 1 : 3ss ; etc.).
19 H. BLOCHER, "Le champ de la rédemption et la théologie moderne", p. 47.
20 H. BLOCHER, "La doctrine du châtiment éternel", Ichtus, N° 32, p. 9.
21 Ibid., p. 8.
22 Ibid. ; Voir de même Michel JOHNER, op. cit., p. 39.
23 H. BLOCHER, " Le nombre des sauvés ", p.23. La plupart des théologiens réformés vont dans le même sens : "Le nombre des sauvés sera à la fin non pas petit mais grand, et pas seulement de façon absolue, mais comparativement grand ... Il embrassera la plus grande partie de la race humaine." (B. WARFIELD, ., "Gods Immeasurable Love", Biblical and Theological Studies, P&R, 1968, p. 349) ; "Lenfer tient peu de place dans lunivers de Dieu. Le ciel est immense, pas lenfer." (W.G.T. SHEDD, cité par Jean CRUVELIER, "La notion du châtiment éternel dans le N.T.", Etudes Evangéliques (1954-55), p. 103.
24 Henri BLOCHER, " Le champ de la rédemption et la théologie moderne ", p. 41.
25 Henri BLOCHER, " Le nombre des sauvés ", p. 23.
26 Richard MOUW, La culture et le monde à venir, Paris, Sator, 1988, pp. 34s. A cet égard, il convient de dire que lhistoire du monde et de lhumanité, de la civilisation et de la culture réalise le projet initial de Dieu de développer toutes les potentialités de la création.
BLOCHER, Henri, La doctrine du péché et de la rédemption, 1983, Tome II, pp. 189ss.
BLOCHER, Henri, "Le nombre des sauvés", Ichtus, N° 92 (1980), pp. 18ss.
BLOCHER, Henri, "La doctrine du châtiment éternel", Ichtus, N° 32, pp. 3ss.
BLOCHER, Henri, "Le champ de la rédemption et la théologie moderne", Hokma, N° 43 (1990), pp. 25ss.
HODGE, Charles, Systematic Theology, Eerdmans, 1982, vol. II (pp. 545ss), vol. III (pp. 868ss).
JOHNER, Michel, "Luniversalité et la particularité du salut chrétien", La Revue Réformée, N° 56 (1988/4), pp. 17ss.
LECERF, Auguste, Etudes Calvinistes, Neuchâtel, 1949, pp. 11-31 en particulier.
WARFIELD, Benjamin B., " Are They Few That Be Saved ? ", Biblical and Theological Studies, P&R, 1968, pp. 334-350.
WARFIELD, Benjamin B., "Gods Immeasurable Love", Biblical and Theological Studies, P&R, 1968, pp. 505-522.
WELLS, Paul, "La portée de la réconciliation", in Appendice II de Entre ciel et terre, La Revue Réformée, N° 166 (1990/4-5), pp. 169ss.
WELLS, Paul, "Lélection et luniversalisme", in Polycopié, pp. 64ss.