ORIENTATION
HOMOSEXUELLE : ASPECTS MÉDICAUX
Un
point de vue chrétien
Dr
Calum MacKELLAR*
Résumé
Bien
qu’un continuum étendu existe entre l’hétérosexualité, la
bisexualité et l’homosexualité exclusive, il est généralement
accepté que, dans notre société, les personnes, qui se déclarent
homosexuelles représentent 3 à 4% de la population masculine et 1 à
2% de la population féminine.
Quant
aux causes de l’homosexualité, de nombreuses explications,
sociologiques ou physiologiques, ont été proposées. Aussi
devient-il évident qu’aucun facteur ne peut, à lui seul, expliquer
cette orientation sexuelle. Même s’il est reconnu que les origines
de l’homosexualité sont, dans la majorité des cas, «environnementales»,
ce type de facteur ne peut être considéré comme exclusif. Pour une
minorité d’homosexuels, une cause dominante, médicale, est de plus
en plus évidente.
Il
existe, au sein de la communauté chrétienne, une résistance
importante et un grand embarras face à cette possible dimension
physiologique de l’homosexualité. L’article suivant cherche à
examiner l’homosexualité dans une perspective chrétienne et médicale,
bien que certains arguments soient aussi pertinents pour
l’homosexualité acquise, principalement par des causes
sociologiques ou psychologiques.
A)
La campagne pour les droits homosexuels
Pendant
les vingt-cinq dernières années, les militants de Gay Rights ont
appelé la société à cesser de considérer le style de vie
homosexuel comme immoral, et à l’accepter comme une expression
valide de ce qu’ils sont.
La
revendication sous-jacente, derrière cette campagne, étant que
l’homosexualité et l’hétérosexualité soient acceptées comme
les termes d’égale valeur d’une alternative sexuelle, ce que
propose le PACS (PActe Civil de Solidarité ). Cela a souvent été
exprimé dans les déclarations telles que: «Vous pouvez dire que la
pratique homosexuelle est contre nature et anormale; mais ce n’est
pas contre ma nature, ni si peu que cela soit anormal pour moi.»
Cependant,
cet argument selon lequel le naturel et le normal seraient acceptables
alors que le «non-naturel» et l’anormal ne le seraient pas, sans définitions
précises des mots, ne peut pas être retenu comme base de jugement éthique
moral. En effet, les définitions de la «normalité» comme étant «un
état d’existence conforme aux niveaux habituels», et de ce qui est
«naturel » comme ce qui n’est«pas artificiellement préparé ou
éveillé», n’ont aucun rapport direct avec le mot «moralité» défini
comme «un état relatif à un comportement humain bon ou mauvais».
Suite
à la confusion existant entre ces définitions, un grand nombre de
raisonnements malheureux ont été soutenus par des scientifiques et
par les médias. Par exemple, affirmer que les homosexuels,
puisqu’ils ne sont pas responsables de l’état physique de leur
cerveau, ne devraient pas être condamnés pour leurs actions, ni être
privés de bonheur par des restrictions imposées à leur
comportement, n’a pas de fondement valable. La discussion concernant
«ce qui est naturel» est liée avec la moralité, bien qu’il
n’existe aucun véritable rapport. Ce qui est inné n’est pas
automatiquement moral.
Dans
ce contexte, tout discours permettant à l’homosexuel d’échapper
à la responsabilité de son comportement se trouve encouragé,
qu’il soit ou non cohérent.
B)
Les croyances de l’Eglise
Aujourd’hui,
de nombreux chrétiens ont des opinions sur l’homosexualité qui
s’appuient sur les mêmes arguments inadéquats que ceux du
mouvement Gay Rights. Leur condamnation de la pratique homosexuelle
comme «anormale» établit répétons-le, un faux lien entre la
moralité et la normalité, qui mène à la conclusion que ce qui est
anormal doit aussi être immoral.
Comme
les militants Gay Rights, beaucoup de chrétiens ont été peu disposés
à reconnaître l’homosexualité comme un désordre physiologique
comparable, par exemple, à la cécité. Leurs objections à cette
explication résultent de différentes craintes.
Pour
quelques-uns, la peur que certaines formes d’homosexualité ne
soient pas apprises, mais déterminées physiologiquement (génétiquement
ou hormonalement), découle de celle qu’ils ont de perdre la maîtrise
du processus «curatif» pour la personne homosexuelle. Ces personnes
se raccrochent, en effet, à l’idée que «ce qui est un
comportement appris peut être désappris».
D’autres
repoussent automatiquement toute nouvelle possibilité qui puisse
contredire leurs modèles conservateurs et traditionnels de pensée.
Cette situation devient alors tristement comparable à la difficulté
évoquée par l’apôtre Pierre concernant l’annonce de l’Evangile
aux Gentils et le problème de leur circoncision. Pierre a finalement
été réprimandé par Dieu par l’intermédiaire de Paul pour son
refus d’accepter l’étrange situation nouvelle, non conforme aux
traditions théologiques (Ac 15).
Certains
encore ont peur de ne plus pouvoir invoquer la responsabilité des
personnes pour les caractéristiques négatives de l’homosexualité.
Ils croient qu’on ne peut pas naître pécheur et ils refusent toute
possibilité de nature à mettre en danger leur concept de Dieu contrôlant
la sexualité humaine.
Enfin,
quand aucun péché ne peut être imputé à la personne en cause,
certains reviennent alors aux péchés des parents. Même s’il
arrive que l’homosexualité soit souvent la conséquence de problèmes
parentaux, ce n’est pas toujours le cas. La détresse et la
souffrance peuvent être sans rapport avec un péché spécifique.
L’exemple dans l’évangile de Jean (9:2) le montre: les disciples
de Jésus lui ont demandé: «Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses
parents pour qu’il soit né aveugle?» «Ni cet homme ni ses parents
n’ont péché, a répondu Jésus, mais cela s’est passé afin que
l’œuvre de Dieu puisse être manifestée dans sa vie.»
Dans
une perspective théologique, il est essentiel que les chrétiens se
rappellent que les conséquences de la chute d’Adam ne se ressentent
pas uniquement dans la société humaine comme telle. Le péché a
aussi atteint la nature même de l’homme en suscitant des dérèglements
physiologiques, tristes et affligeants. Par conséquent, il serait
imprudent pour les chrétiens de déclarer qu’on ne peut pas naître
homosexuel, pour des causes génétiques ou physiologiques.
Pendant
des années, l’Eglise a soutenu que le soleil tournait autour de la
terre et a condamné les déclarations contraires comme hérésies. Ce
n’est que lorsque la véritable situation fut prouvée que l’Eglise
dut humblement admettre son erreur. Ignorer ou nier la recherche
scientifique qui suggère une prédisposition génétique ou hormonale
dans certaine orientation homosexuelle serait alors aussi préjudiciable
et irresponsable.
La
question concernant l’existence d’une cause biologique à
l’homosexualité a souvent été posée afin de déterminer si
l’homosexualité était une maladie ou un péché, ou si cette prédisposition
devait être acceptée par la société.
Pourtant
une tendance homosexuelle, qu’elle soit innée ou le produit d’une
situation environnante, n’a aucun lien direct avec la moralité si
la personne continue à prendre la responsabilité de ses décisions.
Or
la responsabilité personnelle est un «acquis» humain de base qui
confère sa dignité à l’homme, et cela même si la recherche
neurologique actuelle chez l’homme montre de plus en plus ce que
l’on pourrait reconnaître comme des prédispositions au mal.
L’homosexualité, la prédisposition à la colère, la violence ou
l’alcoolisme ne sont que quelques-uns parmi un grand nombre de
traits humains que les psychiatres et les neurochimistes estiment,
maintenant, être favorisés par des dérèglements physiologiques
dans le cerveau et pas seulement par un déséquilibre sociologique.
L’équilibre dans les procédures psychiatriques éthiques doit
toujours être ménagé afin que la responsabilité de la personne ne
soit pas ignorée.
Si
un homme, par exemple, remarque son attraction pour de beaux
adolescents, il peut soit choisir d’obéir à ses pulsions et
chercher des rapports physiques avec eux, soit écouter sa conscience
et chercher de l’aide en dépit des difficultés et des détresses
présentes. Son choix et sa responsabilité restent présentes.
Les
chrétiens, même s’ils ne peuvent pas toujours comprendre, pour
l’instant, ce qui fonde les principes bibliques opposés à la
pratique homosexuelle, placent leur confiance dans la vérité, la
bonté et la grâce de la Parole de Dieu. L’obéissance aux préceptes
divins, la reconnaissance de l’amour profond de Dieu, de sa grâce
et de sa sagesse, fait naître plus de force, chez la personne
homosexuelle, pour continuer sur la route étroite, que tout autre
argument contemporain. Les souffrances et la détresse rencontrées
par le chrétien homosexuel, qui sont décrites dans un article émouvant
du pasteur William Still, en Ecosse,
sont très réelles et, parfois, effrayantes, mais Dieu
n’abandonnera jamais ni ne délaissera son enfant.
Il
arrive qu’aucune explication ne puisse être donnée aux profondes
souffrances éprouvées par la personne homosexuelle. Une possible
acceptation de sa participation, d’une façon mystérieuse, aux
souffrances du Christ – qui le comprend et qui l’aime – est
peut-être, alors, la seule solution possible pour comprendre cette
situation difficile. (1 P 4:13)
C)
Réaction de la profession médicale
L’histoire
troublée du désir de la profession médicale de traiter
l’homosexualité comme une maladie est illustrée par l’exemple de
l’Association psychiatrique américaine (APA). Après quelques hésitations,
les membres de l’association ont décidé, le 15 décembre 1973, par
un vote, de modifier la liste des maladies mentales de 1968, qui
incluait l’homosexualité. Sur les 15 membres, 13 ont voté pour
effacer l’homosexualité de cette liste.
Il
a été alors proposé que l’homosexualité soit considérée
seulement comme une orientation sexuelle perturbée, qui
n’affecterait pas tous les homosexuels, mais seulement ceux qui
seraient insatisfaits de leur situation (et se considéreraient eux-mêmes
comme «malades»).
La
communauté gay a crié victoire, tandis qu’un grand nombre
de psychanalystes et de psychiatres refusaient d’accepter la décision
de l’APA et ont demandé son annulation. Un référendum a été
proposé en avril 1974. Après un lobbying intensif du mouvement Gay
Rights, 58% des 10 000 votants ont confirmé la décision de l’APA
d’exclure l’homosexualité de sa liste des désordres mentaux.
Etant
donné qu’un scrutin démocratique n’est pas vraiment l’équivalent
d’un résultat scientifique,
un grand nombre de défenseurs de l’homosexualité en tant que désordre
ont persisté à influencer le monde médical dans la recherche d’un
traitement. Pour certains, si l’homosexualité n’était plus une
maladie, elle constituait encore une «déviance» ou un «fonctionnement
défectueux» chez le patient. Cependant, la ligne étroite entre déviance
et maladie n’est pas caractérisée
et on en revient à redéfinir les limites de la sexualité considérée
comme «normale».
De
plus en plus d’articles paraissent aujourd’hui dans la presse médicale
et démontrent l’existence de causes médicales différentes dans
l’orientation homosexuelle. Pour une critique récente de ces
propositions, on peut se référer à l’article du Dr J.
Bancroft,
qui classe les recherches médicales sous quatre titres: les mécanismes
hormonaux, la structure du cerveau, le fonctionnement
neuropsychologique et les facteurs génétiques.
Il
conclut que le phénomène d’orientation sexuelle est toujours la
conséquence d’un processus d’un développement multifactoriel.
Aussi, les composantes biologiques devraient-elles être considérées
en même temps que des facteurs psychologiques complexes.
D)
Ethique et homosexualité
Durant
le XXe siècle, l’homosexuel a acquis une personnalité,
avec un passé, une enfance et une histoire. Malheureusement, il est
aussi devenu une espèce propre. En effet, la sexualité est devenue
pour l’homosexuel la vérité ultime de son existence.
Cette
situation fâcheuse s’est développée, malgré la médicalisation
de l’homosexualité, qui aurait dû éviter tout jugement moral. La
distinction n’est plus alors faite entre la maladie et le vice,
entre le désordre mental et le désordre moral.
La
stigmatisation de l’homosexuel est sans nul doute un des résultats
du développement de la classification de la sexualité. Ce sont, hélas!
les homosexuels eux-mêmes qui, avec l’aide des sexologues, désireux
d’améliorer leur présence dans la société, ont permis au «déviant»
d’être enfermé dans l’anormal,
l’anormal étant alors enchaîné à l’immoralité.
J.
Weeks
a démontré la responsabilité des sexologues dans la formation du
type même de l’homosexuel. D’autres chercheurs estiment possible
qu’ils l’aient effectivement créé.
Ce sont les sexologues qui sont devenus les juges de la normalité et
de la manière dont elle devrait être vécue. Toutes sortes d’expériences
hormonales et chirurgicales ont résulté de leurs efforts pour
changer les tendances homosexuelles en une «sexualité correcte».
La
société contemporaine n’a pas libéré l’homosexuel de sa prison.
Après cent cinquante ans de réflexion, on ne connaît toujours pas
précisément les origines de ce comportement mal défini. La
multiplicité des explications ne sert qu’à renforcer le mystère
et, par conséquent, l’étrangeté.
L’image
négative de l’homosexualité a aussi souligné les aspects positifs
et désirables de l’hétérosexualité.
Le rejet des différences solitaires et anormales de la personne
homosexuelle par la majorité hétérosexuelle sert aussi à affirmer
et à confirmer l’hétérosexualité de celle-ci.
Quel avenir pour
l’homosexuel ?
Pendant
les trente dernières années, le mouvement homosexuel a connu le même
destin que les autres minorités. Après un temps de réclamation du
droit à être différent, ils comprendront, peut-être, les dangers
de persévérer sur cette route, qui mène à la stigmatisation et à
la «ghettoïsation».
La différence n’est plus alors choisie, mais imposée par la
majorité hétérosexuelle.
Pour
les homosexuels qui ne sont pas chrétiens, seule une reconnaissance
de leurs actes physiques comme étant un péché devant Dieu leur
permettra de comprendre et d’accepter leurs déséquilibres. Ils
apprendront alors que Dieu ne les considère pas comme des
homosexuels, mais comme des êtres humains qu’il aime en dépit de
leur orientation sexuelle.
Pour
les chrétiens affligés par l’homosexualité, la preuve médicale,
bien qu’encore complexe, peut offrir une possibilité, pour
quelques-uns, d’accepter leur situation comme un désordre
physiologique comparable aux autres fonctionnements défectueux
qu’il n’est pas toujours possible de soigner avec succès. Le fait
que l’immoralité ne soit pas parmi les causes de leur homosexualité
peut en encourager quelques-uns à lutter contre leur autocondamnation.
Cependant, la morale intervient dans ce que l’homosexuel souffrant
fait avec son fardeau.
Ses
amis hétérosexuels doivent, par conséquent, chercher à alléger
cette croix en lui offrant une compassion profonde et une assistance
dans son combat contre toute pratique homosexuelle. Une aide considérable
lui sera nécessaire pour résister aux tentations toujours présentes
et profondes qui jaillissent dans son cerveau. Une véritable
assistance et une grande solidarité devraient être effectives, tout
en évitant d’être source de situations dangereuses et
traumatisantes.
Cela
paraît peut-être difficile de prime abord, mais un encouragement
peut être trouvé en considérant comment ont été traités les
problèmes rencontrés par d’autres personnes désavantagées
cherchant à être intégrées dans la société.
L’Eglise
apprendra alors à accepter la personne homosexuelle comme un enfant
profondément aimé par Dieu, tout en rejetant la pratique
homosexuelle.
Des
groupes chrétiens d’entraide, soutenus par des conseillers compétents,
existent déjà pour les homosexuels; ils leur procurent une
assistance compatissante et encourageante.
____________